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Eau et rivières

Face à une sécheresse historique, les mesurettes du gouvernement

68 % des nappes phréatiques restent en dessous des normales.

Malgré les dernières pluies en France, le niveau des nappes phréatiques reste critique. Pour préparer le territoire à une sécheresse cet été, seules quelques restrictions ont été renforcées.

Des pluies bienfaitrices, mais insuffisantes. Ces dernières semaines, plusieurs régions de France ont été arrosées par des précipitations qui ont reverdi nos paysages sans que cela ne soit suffisant pour sortir la France de la sécheresse. « Ces pluies ne permettent pas de rattraper la sécheresse hivernale. 68 % des nappes restent en dessous des normales », a déclaré Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, lors d’une conférence de presse le 17 mai. Si la situation s’est légèrement améliorée par rapport au mois de mars, où 80 % des nappes étaient sous la normale, l’ensemble des régions de France subiront une sécheresse estivale.

Pour tenter de limiter les dégâts, le gouvernement a mis à jour son guide national sur la sécheresse et renforcé certaines restrictions, notamment sur les golfs, en accentuant les obligations de baisse des volumes d’arrosage. Mais aucune interdiction totale n’est au programme. « J’entends déjà certains qui trouveront que ce n’est pas assez radical. Mais ce sont des questions complexes », a justifié Christophe Béchu. Si les golfs ne seront pas mis au régime sec, les interdictions pour l’arrosage des pelouses des particuliers et des collectivités ont été élargies, tout comme celles pour laver les voitures, malgré les réclamations des professionnels des stations de lavage.

Pour contrôler l’application de ces restrictions, le ministère compte sur les inspecteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB). « 13 000 contrôles ont été effectués l’an passé et 1 000 ont débouché sur des sanctions. Mais il faut s’interroger pour savoir si ces sanctions sont assez dissuasives. Nous allons faire une réunion avec l’OFB début juin à ce sujet », a précisé Christophe Béchu.

Quant à l’eau potable, le gouvernement assure être attentif à sa sécurisation. Près de 70 millions d’euros de travaux ont été réalisés l’an dernier et 100 millions d’euros vont être dégagés pour permettre aux agences de l’eau de continuer les travaux. « 2 000 communes restent fragiles en termes d’eau potable. Et vu la carte, il y aura probablement des centaines de communes qui vont se retrouver une situation critique cet été », a indiqué le ministre. En avril dernier, plusieurs villages des Pyrénées-Orientales n’avaient par exemple pas accès à une eau potable.

Des niveaux trop bas

Restreindre, sans interdire, cela sera-t-il suffisant pour stopper la sécheresse ? Rien n’est moins sûr. Dans les Pyrénées-Orientales notamment, le préfet a déjà dû prendre des mesures exceptionnelles (comme l’interdiction de remplir les piscines ou d’arroser les pelouses) face à une situation qui l’est tout autant : le département est à sec depuis près d’un an.

La situation reste également problématique dans le Sud-Est, elle s’est aggravée dans le couloir rhodanien et s’est élargie dans le bassin parisien. L’aquifère du Roussillon et les nappes alluviales côtières de Provence et de Côte d’Azur enregistrent des niveaux exceptionnellement bas. Seules quelques régions, comme le Massif armoricain, le littoral d’Artois-Picardie ou les nappes vosgiennes, retrouvent des niveaux hauts.

Pour s’y retrouver ces prochaines semaines, la population pourra bientôt suivre sur un site internet l’évolution des niveaux d’eau de chaque région. Le site est calqué sur le modèle d’Ecowatt, le portail qui permettait de connaître la situation du réseau électrique l’hiver dernier.

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