En bref — Habitat et urbanisme
Laurent Wauquiez ne veut pas appliquer la politique zéro artificialisation nette

Le dispositif zéro artificialisation nette a pour vocation, entre autres, de préserver des espaces de biodiversité de la destruction. Sur la photo, la démolition par un tractopelle des jardins à défendre d’Aubervilliers, le 2 septembre 2021. - © NnoMan Cadoret / Reporterre
Le dispositif zéro artificialisation nette a pour vocation, entre autres, de préserver des espaces de biodiversité de la destruction. Sur la photo, la démolition par un tractopelle des jardins à défendre d’Aubervilliers, le 2 septembre 2021. - © NnoMan Cadoret / Reporterre
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Au mépris des considérations environnementales, le président (LR) d’Auvergne- Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a annoncé samedi 30 septembre que sa région ne mettrait pas en application l’objectif de « zéro artificialisation nette ». Il a dénoncé un texte « ruralicide ».
« Mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité, cela signifie qu’on s’interdit toute forme d’avenir […] J’ai décidé que la région se retirait du processus. On le fait en lien avec les départements avec lesquels on a échangé dessus », a déclaré Laurent Wauquiez, à l’Alpe-d’Huez (Isère), sous les applaudissements de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), réunie en congrès.
« Empêcher les volontés séparatistes et écocidaires de Laurent Wauquiez »
Ce dispositif de zéro artificialisation nette vise à limiter les aménagements sur des terres agricoles ou des espaces naturels — sauf à renaturaliser des zones équivalentes par ailleurs. En France, 20 000 à 30 000 hectares sont artificialisés chaque année, avec des conséquences délétères sur la biodiversité et l’adaptation au changement climatique.
La décision de Laurent Wauquiez a suscité la polémique. Les parlementaires écologistes ont dénoncé une sortie démagogique. Les Isérois Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard, respectivement présidente et président des groupes écologistes à l’Assemblée nationale et au Sénat ont appelé « le gouvernement et la préfète de Région à réagir fermement pour empêcher les volontés séparatistes et écocidaires de Laurent Wauquiez ».
Dans un communiqué, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a lui aussi vivement réagi. « Il semble que Laurent Wauquiez préfère opter pour la voie de la facilité en refusant de relever le défi de la transition écologique et en faisant jouer les territoires les uns contre les autres », a -t-il développé. « Il est essentiel de rappeler que rejeter le ZAN revient à refuser de protéger les terres agricoles, qui sont vitales pour notre souveraineté alimentaire. Refuser le ZAN signifie également ignorer la nécessité de préserver les espaces naturels, qui abritent une biodiversité riche et contribuent au stockage du carbone. »
Un objectif déjà insuffisant
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a également appelé à des sanctions. « Vous ne pouvez pas être un élu de la République et vous soustraire aux lois votées par le Parlement, ça n’existe pas », a abondé sur France Inter et franceinfo la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
Cette situation est d’autant plus dommageable que l’objectif de zéro artificialisation nette d’ici 2050 est largement insuffisant comme l’avait montré Reporterre dans une enquête. Le dispositif n’a cessé d’être assoupli depuis son vote lors de la loi Climat avec notamment de nombreux régimes dérogatoires.