Le mercure grimpe, la sécheresse couve

- CC BY-SA 4.0 / Wikimedia Commons / Olybrius
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ClimatCe mercredi sera sans doute la plus chaude journée du mois de juin. Les températures exceptionnellement hautes annoncent-elles un été dans la même veine ? Probablement, et les fortes pluies du mois de mai ne suffiront pas à éviter la sécheresse, avertissent les prévisionnistes.
Un avant-goût de l’été avant même qu’il n’ait officiellement commencé [1]. Ce mercredi 16 juin sera une journée exceptionnellement chaude, nous annonce Météo France : 35 °C au plus fort de la journée, et au moins 30 °C partout en France, « à l’exception des régions proches de la Manche ». Les températures sont « remarquables », estime l’institut, car elles dépassent de 7 à 10 degrés les normales saisonnières.
Nous traversons en cette mi-juin ce que les prévisionnistes appellent un « épisode précoce de fortes chaleurs ». Et il semble donner le ton pour l’été : Météo France prévoit, là encore, un été plus chaud et plus sec que la normale. Des températures moyennes supérieures normales, et des précipitations, à l’inverse, en dessous. Déjà, le 18 mai dernier, le ministère de la Transition écologique annonçait la couleur : 80 départements sont concernés par un risque de sécheresse cet été, en particulier sur le pourtour méditerranéen, l’Ouest de la France et la région Rhône-Alpes. Seuls une partie de la Normandie, l’Île-de-France et les Hauts-de-France pourraient y échapper.
Des nappes d’eau pas aidées par les pluies de mai
Après les sécheresses de 2017, 2019 et 2020 l’exercice devient presque une habitude. Restait à espérer que le mois de mai particulièrement pluvieux que nous venons de connaître change la donne. Mais le Bureau de recherches géologiques et minières vient, dans son bulletin de situation hydrologique du mois de juin, de doucher (sic) nos espoirs. Il fait l’état des lieux de l’état des nappes d’eau souterraines, celles-là mêmes qui l’été permettent aux rivières de continuer de couler malgré le ciel bleu et aux zones humides de ne pas s’assécher.
Si « la situation [des nappes] au mois de mai est globalement satisfaisante, avec des niveaux proches des moyennes mensuelles […], les précipitations ont eu un faible impact sur les niveaux des nappes », indique le bulletin. « Les pluies qui se sont infiltrées ont surtout permis d’humidifier les sols et ont profité à la végétation ». Si quelques nappes ont pu se recharger un peu grâce aux pluies de printemps, cela reste insuffisant et « la situation risque de se dégrader rapidement durant l’été en cas de sécheresse météorologique prolongée. »
Situation inquiétante de la Bourgogne au Roussillon
Parmi les territoires dont la situation inquiète les hydrogéologues, on note la Bourgogne-Franche-Comté et l’Auvergne-Rhône-Alpes, où les nappes n’ont pas pu se recharger suffisamment plusieurs hivers de suite. « Ces nappes pourraient alors ne plus assurer leur rôle de soutien d’étiage sur la Loire amont, le Rhône et ses affluents », avertit le BRGM. Même situation pour le Languedoc, le Roussillon, la Provence et la Côte d’Azur, où les pluies hivernales ont aussi manqué. Les épisodes méditerranéens de mai « n’ont pas permis une recharge efficace des nappes, du fait de la violence des pluies et du ruissellement induit ». Ainsi, « la situation pourrait devenir tendue sur certains secteurs. »
Tout l’Est de la France pourrait connaître un nouvel épisode de sécheresse cet été. Reste à savoir si le changement climatique va rendre cela habituel. Les chercheurs s’accordent en tout cas sur le fait que les épisodes de fortes chaleurs vont se multiplier. « On constate ces dernières années des pics et des vagues de chaleur de plus en plus précoces et intenses, ce qui correspond aux projections climatiques pour les prochaines décennies », observe Météo France. « Le réchauffement climatique rend les canicules cinq fois plus fréquentes qu’il y a 60 ou 100 ans », indiquait à Reporterre le climatologue Robert Vautard en juillet 2019.