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Animaux

Les caribous menacés par les feux de forêt au Canada

Les incendies gigantesques qui ravagent le Canada, en conjonction avec l'industrie forestière, détruisent les forêts où vit le Caribou, menaçant sa survie.

Les feux de forêt au Canada détruisent l’habitat du caribou, une espèce menacée. L’animal est ainsi devenu le cœur d’une polémique sur la préservation des espaces naturels du pays.

Montréal (Québec), correspondance

Le caribou, espèce emblématique du Canada, va-t-il disparaître à cause des feux de forêts ? Le sujet inquiète les spécialistes de cet animal menacé d’extinction depuis 2003. Ce mammifère a besoin de vastes espaces de forêt touffue pour se cacher de ses prédateurs, principalement des ours et des loups. Or son habitat disparaît dans les flammes.

Près de cinq millions d’hectares ont déjà brûlé cette année. Et les incendies ne feront que s’intensifier à cause du réchauffement climatique. De plus, ces bois sont aussi menacés par l’exploitation forestière.

Le caribou vit sur de grands espaces. Plus ceux-ci disparaissent ou sont artificialisés, plus son espace vital est restreint. CC BY-SA 4.0 / Ryan Hodnett / Wikimedia Commons

« Les perturbations de ce type génèrent une augmentation de la mortalité du caribou. C’est un consensus scientifique actuel, partout au Canada », assure à Reporterre Martin-Hugues St-Laurent, professeur à l’Université du Québec (UQAR), expert en écologie animale, qui travaille sur les perturbations de la faune boréale depuis plus de vingt ans.

Il s’appuie sur une étude publiée en 2011, qui explique que si 35 % de la zone de vie d’un caribou est détruite par des catastrophes naturelles ou l’exploitation forestière, ses chances de survie diminuent drastiquement.

Les défenseurs du caribou craignent que le lobbying de l’industrie forestière ne mette à mal toute velléité de protection efficace. CC BY-SA 4.0 / Alan D. Wilson / Wikimedia Commons

« Quand les feux s’ajoutent aux perturbations créées par l’humain, les caribous n’ont plus nulle part où aller », soupire Mathieu Leblond, spécialiste des conséquences du dérèglement climatique sur le caribou. Les écologistes réclament donc des mesures pour protéger l’espèce depuis plusieurs années.

En réponse, Ottawa a proposé en 2012 un plan de retour du caribou aux provinces qui sont responsables de la gestion de la faune et de la flore sur leur territoire. Au Québec, les autorités se sont ainsi engagées à publier un programme de sauvegarde de l’animal. Il aurait dû paraître voilà bientôt trois ans. Sa sortie a été repoussée à juin 2023 mais les incendies pourraient à nouveau reporter sa publication. Sans compter le lobbying de l’industrie forestière.

« Je pense qu’il y a des risques que le plan de préservation soit allégé, et j’appréhende que ce ne soit pas suffisant pour sauver le caribou. Ou qu’il y ait trop de compromis dans cette stratégie, avec une trop forte pression de la part de l’industrie forestière », poursuit Mathieu Leblond.

Pour sauver les caribous, la première des solutions est simple : laisser vierges de grands espaces de l’exploitation humaine. CC BY-SA 4.0 / Alain caron 2020 / Wikimedia Commons

Que faudrait-il faire pour sauver le caribou ? Préserver des zones de conservation de plus de 1 000 km², en les laissant vierges d’exploitation forestière selon Pier-Olivier Boudreault, directeur de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP).

Le biologiste s’intéresse spécifiquement au caribou forestier qu’il considère comme une « espèce parapluie » : sa protection permettrait de préserver tout un écosystème : « Si on limite les activités forestières pour répondre aux besoins du caribou, par ricochet on protège les autres espèces qui vivent dans cet habitat. »

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