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Publicités alimentaires : l’industrie torpille la Convention citoyenne pour le climat

C’est un fait connu. On sait que, dans les coulisses, les lobbies s’activent avec force pour contrer les tentatives de régulation de leurs secteurs. Mais il est plus rare d’en avoir la preuve formelle. C’est ce qu’a révélé, mercredi 11 novembre 2020, l’association Foodwatch en publiant une lettre de l’Association nationale des industries alimentaires, l’Ania, qui compte parmi ses membres Nestlé, Unilever, Mondelez, Ferrero ou Coca-Cola.

La lettre torpille les mesures de la Convention citoyenne pour le climat. Adressée aux quatre ministres de la Transition écologique, de l’Économie, de la Culture et de l’Alimentation, elle demande explicitement au gouvernement de ne pas interdire la publicité pour les produits trop sucrés, trop gras et trop salés, ce qu’exigeaient les citoyens tirés au sort de la Convention citoyenne pour le climat.

  • La lettre du président de l’Association nationale des industries alimentaires, M. Richard Girardot

« Cette proposition n’a strictement aucun effet sur le climat et ne répond donc pas au mandat donné par le président de la République.Elle est de plus contraire à la corégulation des acteurs, souhaitée par le gouvernement, encadrée par une charte ambitieuse signée sous l’égide du CSA en janvier dernier », est-il écrit dans la lettre.

 Nous sommes convaincus que la corégulation des acteurs est plus efficace que des mesures d’interdiction inscrites dans la loi.

Foodwatch a décidé de rendre publique cette lettre, qu’elle trouve « honteuse ». Elle rappelle qu’en France, un enfant sur 6 est en surpoids ou obèse. « La publicité pour la malbouffe est un fléau. L’épidémie d’obésité que dénonce l’OMS depuis des années s’aggrave, et s’avère un facteur aggravant dans la crise de Covid-19. Nous sommes face à une vraie question de santé publique », affirme l’association dans un communiqué. Elle note d’ailleurs que « l’Ania n’a pas jugé bon de placer le ministère de la Santé en copie de son courrier » et y voit une forme d’aveu.

Pour Karine Jacquemart, de Foodwatch : « La suppression des publicités pour la malbouffe qui ciblent les enfants ne doit être ni volontaire ni progressive. Nous avons pris assez du retard. Il est urgent que les responsables politiques adoptent enfin une interdiction pour protéger la santé des enfants et que les Nestlé, Danone, Unilever, Mondelez et Cie reformulent leurs produits pour qu’ils soient moins gras, moins sucrés, moins salés, et concentrent publicités et marketing sur des produits plus sains ».

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