Victoire de l’équipe écologiste : la chasse à la glu est interdite en France

Un rouge-gorge familier englué. - © LPO
Un rouge-gorge familier englué. - © LPO
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Les associations de défense des oiseaux bataillaient depuis des années contre la chasse à la glu, méthode de chasse qu’elles jugent cruelle. Le Conseil d’État, confirmant une décision de la Cour de justice de l’Union européenne, l’a interdite lundi 28 juin.
C’est une victoire pour les défenseurs des oiseaux et la fin d’une longue bataille juridique. Lundi 28 juin, le Conseil d’État a définitivement interdit la chasse à la glu, une méthode de chasse « traditionnelle » contre laquelle luttaient les associations depuis de longues années.
Elle consistait à capturer différentes espèces de grives et de merles noirs qui venaient se coller sur des tiges en bois engluées, qu’ils prenaient pour des branches d’arbres. Ils étaient ensuite enfermés dans des cages, afin de servir d’appâts pour attirer leurs congénères grâce à leur chant. Selon la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) près de 40 000 volatiles étaient capturés de cette manière avec de nombreux dommages collatéraux. « Je pense qu’un oiseau englué sur trois était une espèce protégée », explique à Reporterre Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO.
La LPO et l’association One Voice réclamaient la fin de cette technique depuis des années. Elle est interdite en Europe depuis la directive européenne dite « oiseaux » du 30 novembre 2009. « Après Malte, nous étions le dernier pays à pratiquer cette chasse », dit Allain Bougrain-Dubourg à Reporterre. Pourtant, le gouvernement persistait à accorder des dérogations aux chasseurs sous la forme d’arrêtés qui étaient attaqués par les associations. Au terme d’un interminable jeu de ping-pong juridique, le Conseil d’État a finalement tranché en se rangeant derrière la décision rendue par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en mars 2021 qui estimé « qu’un État membre ne peut pas autoriser une méthode de capture d’oiseaux, comme la chasse à la glu, entraînant des prises accessoires dès lors qu’elles sont susceptibles de causer aux espèces concernées des dommages autres que négligeables ».
« Parfois, le Conseil d’État tranche sans avis extérieur mais le dossier étant sensible, il a préféré laisser la responsabilité à la CJUE plutôt que de prendre la décision seul », analyse Allain Bougrain-Dubourg.
Dans son communiqué de presse, le Conseil d’État observe que ni le gouvernement ni la fédération de chasseurs n’ont été capables d’apporter de preuves suffisantes permettant d’affirmer que la chasse à la glu ne conduisait à « capturer qu’en petite quantité des oiseaux appartenant à d’autres espèces que celles recherchées ». Il estime aussi qu’il est impossible d’affirmer « que les oiseaux capturés accidentellement ne subiraient que des dommages négligeables, une fois relâchés et nettoyés, en particulier au niveau de leur plumage », ce qu’affirment les chasseurs adeptes de cette méthode. « Nous avions mis des caméras cachées pour démontrer que ces oiseaux protégés étaient piégés. On leur arrachait les plumes et on les jetait au sol, en les laissant agonisants », assure Allain Bougrain-Dubourg. Le président de la LPO se réjouit de cette décision car « c’est l’une des premières fois où la cour prend en compte la question du bien-être animal pour la faune sauvage alors que c’est d’habitude réservé aux animaux domestiques ».
Dans un message publié sur Twitter, Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, estime que cette décision est « une avancée pour la biodiversité ». Un tweet repris par l’association One Voice. Il reste peut-être à revenir devant le Conseil d’État pour faire barrage aux arrêtés autorisant les autres chasses traditionnelles dénoncées par les associations.