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Divorces en hausse chez les albatros à cause du réchauffement climatique

Albatros à bec jaune.

Charles Baudelaire célébrait dans un de ses poèmes la liberté des albatros. Il aurait tout autant pu vanter leur fidélité. Mais cette caractéristique unique de la personnalité des albatros est aujourd’hui remise en question par le changement climatique. C’est ce que montre une étude publiée le 24 novembre par la revue scientifique Proceedings of the royal society, chroniquée par The Atlantic.

Les albatros ont pour habitude de passer leur vie entière avec le même partenaire. Une fois passé le stade de l’adolescence, au cours de laquelle ils apprennent à séduire et effectuent de longs voyages à travers les océans, ils se « casent » avec un de leurs congénères pour une durée de plusieurs décennies (ces oiseaux peuvent vivre jusqu’à soixante ans). Les cas de séparation sont extrêmement rares : en règle générale, seuls 1 à 3 % de ces « vastes oiseaux des mers » quittent leur partenaire, le plus souvent à cause d’échecs reproductifs.

L’équipe de chercheurs a découvert que le réchauffement du climat et de l’eau mettait en péril cette remarquable stabilité conjugale. Ils ont étudié pendant plus de quinze ans 15 500 couples d’albatros. Résultat : les années où la température de l’eau était anormalement chaude, leur taux de séparation augmentait sensiblement, jusqu’à atteindre, dans certains cas, 8 %.

Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce phénomène : d’une part, le réchauffement de l’eau se traduit souvent par une diminution du stock de poissons dont les albatros se nourrissent. La réduction des apports caloriques pourrait réduire la fertilité des couples, et donc les encourager à se séparer. Le réchauffement de l’eau pourrait également forcer ces oiseaux marins à s’aventurer plus loin pour trouver de la nourriture. En cas d’absence pendant la saison de reproduction, leur partenaire pourrait être tenté de trouver un nouveau compagnon avec qui s’accoupler. Dernière hypothèse : lorsque l’environnement devient hostile, les hormones de stress des albatros s’envolent. Ces oiseaux pourraient le ressentir et tenir leur partenaire pour responsable, explique Francesco Ventura, l’un des auteurs de cette étude, dans les colonnes du Guardian.

Les navires de pêche et les espèces invasives mettent en danger les albatros

S’ils peuvent faire sourire, ces résultats n’ont rien d’anecdotique. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, les albatros font partie des oiseaux de mer les plus affectés par les activités humaines. 17 des 22 espèces existantes sont menacées d’extinction. La faute aux navires de pêche, qui épuisent les réserves de poisson et entrent en collision avec les oiseaux marins, ainsi qu’à la présence d’espèces invasives au sein de nombreux sites de reproduction.

Un taux de divorce plus important au sein des colonies d’albatros pourrait sur le long terme contribuer à cet effondrement. Les individus observés dans le cadre de cette étude faisaient partie de grandes colonies, et pouvaient donc retrouver un partenaire relativement facilement en cas de divorce. « Dans le cas d’une population avec un nombre beaucoup plus petit de couples reproducteurs, cette perturbation des liens pourrait perturber les processus de reproduction normaux », prévient Francesco Ventura, toujours dans le Guardian.

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