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Climat

Jour du dépassement : cinq actions à notre portée

Apprendre à récupérer l'eau de pluie pour ses plantes ou son potager est un bon moyen d'économiser celle du robinet.

Ce 2 août, l’humanité a consommé tout ce que la Terre peut régénérer en une année. Reporterre a interrogé le WWF pour savoir comment réduire son empreinte écologique.

« Ce 2 août, nous avons consommé toutes les ressources que notre planète peut régénérer en une année. » Voilà le constat de l’organisation WWF en ce « jour du dépassement ». Calculée par l’ONG Global Footprint Network, cette date renvoie à la journée de l’année où l’humanité a consommé toutes les ressources que la Terre est en capacité de régénérer en un an.

« À partir d’aujourd’hui, nous vivrons cinq mois dans le rouge en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre », alerte le WWF, qui rappelle que si tout le monde consommait comme les Français, le jour du dépassement serait le 5 mai.

Alors que le mois de juillet 2023 a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde et que la sécheresse touche nombre de départements français, Jean Rousselot, porte-parole du WWF, livre cinq pistes d’action pour réduire notre empreinte écologique, notamment en préservant l’eau. Des évolutions nécessaires, mais qui restent partielles au vu des changements structurels incontournables et de la responsabilité des plus riches.


  • 1 - Réduire la consommation de viande

Le 25 juillet, la députée écologiste Sandrine Rousseau a été cyberharcelée après avoir posté un tweet pointant les liens entre consommation de viande, réchauffement climatique et risque d’incendies. L’élue n’a pourtant fait que rappeler une information bien connue des scientifiques : 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde sont dues à l’élevage de bétail.

« Réduire sa consommation de viande est un levier important pour lutter contre le changement climatique et la déforestation. Cela permet aussi d’économiser l’eau : environ 2/3 des cultures irriguées en France sont destinées à la production alimentaire, surtout pour cultiver les céréales nourrissant le bétail. Et ce, alors qu’il existe des usages plus prioritaires de l’eau, comme l’accès à l’eau potable », explique Jean Rousselot.


  • 2 - Privilégier la marche, le vélo, le train ou le covoiturage

En France, le transport — et notamment par les véhicules individuels — est le secteur qui contribue le plus aux émissions de GES.

Les modes de transport les plus polluants (avion, voiture individuelle) contribuent fortement au bilan carbone de la France. Vivepat/CC BY-SA 4.0/Wikimedia Commons

« Cela dépend bien sûr des contraintes de chacun mais par exemple, faire huit kilomètres à vélo par jour plutôt qu’en voiture permet sur un an d’économiser l’équivalent de 380 litres de pétrole et 750 kg équivalent de GES », dit Jean Rousselot. En ces temps de vacances d’été, il souligne aussi les bienfaits de « limiter les trajets en avion lorsqu’ils peuvent être faits en train ». Pour cela, il rappelle l’indispensable développement d’infrastructures de transport adéquates et accessibles financièrement. Pour l’heure, en France, le train est 2,6 fois plus cher que l’avion.


  • 3 - Limiter sa consommation d’eau… et réemployer l’eau de pluie

D’après l’Agence de la transition écologique (Ademe), une douche rapide — cinq minutes max — consomme de 35 à 60 litres d’eau, alors qu’un bain nécessite a minima 150 litres d’eau.

« Cela va avec le fait de bien fermer les robinets, de ne pas laisser l’eau couler… », ajoute le porte-parole du WWF. Qui rappelle aussi l’opportunité d’utiliser, quand son logement le permet, un récupérateur d’eau de pluie — pour, par exemple, arroser son potager quand on en a un.

Des villes comme Dunkerque expérimentent depuis plusieurs années la tarification écologique et sociale de l’eau potable selon trois catégories : « essentielle », « utile » et « de confort ». En clair, plus on consomme, plus on paie cher.

Mais, note Libération, une telle mesure peut avoir des effets injustes pour les familles nombreuses : celles-ci consomment nécessairement plus d’eau et peuvent alors atteindre indûment la tranche de « l’eau de confort »


  • 4 - Se servir de la seconde main

Jean Rousselot identifie également une industrie dont on ne soupçonne pas toujours « l’empreinte eau », au-delà de son empreinte carbone déjà très élevée : le textile, et notamment la fast-fashion.

« Il faut 10 000 litres d’eau pour produire un jean », dit-il. Ainsi, plutôt que d’acheter des habits neufs, autant privilégier la seconde main, le troc ou la réparation… voire la sobriété.

Les invendus, vendus souvent en soldes, ont représenté 1,7 milliard d’euros en 2019. Flickr/CC BY-NC-SA 2.0/Dave King

Pour lutter contre les désastres engendrés par le secteur, le gouvernement a annoncé le 11 juillet vouloir inclure les effets négatifs de la fast fashion à son « éco-score » pour le textile. Ce dispositif mettant en avant l’empreinte environnementale des vêtements devra être indiqué sur les étiquettes à partir de 2024.

Problème : un tel éco-score, laissé à l’appréciation des consommateurs, ne sera pas contraignant pour l’industrie textile. De son côté, l’Union Européenne a annoncé en mai 2023 vouloir interdire la destruction des vêtements neufs invendus.


  • 5 - Laisser tranquille les jardins

Le fait de « moins tondre la pelouse ou encore de moins tailler » dans les jardins privés et les espaces extérieurs est bénéfique à « l’expression » et à la protection de la biodiversité. « Il est opportun de réensauvager ces espaces-là », dit M. Rousselot.

Nombre d’oiseaux, d’insectes ou encore de papillons vivent, se nourrissent et se reproduisent dans ces jardins. D’après une étude de l’ONG Plantlife citée par Géo, une zone de 100 m2 de pelouse non tondue — et donc laissant de la place aux plantes et fleurs sauvages — permettrait de produire chaque jour suffisamment de nectar et de pollen pour alimenter six bourdons et six couvains d’abeilles. Ces espèces ont un rôle de pollinisation essentiel au maintien de la biodiversité).

Du côté des espaces verts publics, des initiatives existent dans plusieurs villes afin de ramener la nature en zone urbaine : végétalisation des toits, développement des friches, restauration des petites rivières urbaines…

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

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