La vague de protestation contre la loi « Sécurité globale » grandit

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Libertés Politique Loi Sécurité globaleDes syndicats, des organisations de défense des droits de l’Homme, des collectifs de Gilets Jaunes, des ONG écolos, des collectifs de défenses des libertés numériques, des collectifs de pigistes, de photographes, de réalisateurs, des médias et même le prestigieux prix Albert Londres. Près de 105 organisations se mobilisent depuis le 4 novembre, contre la proposition de loi relative à la sécurité globale.
Ce texte, porté par deux députés En Marche — l’avocate Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du Raid (Recherche, assistance, intervention, dissuasion - unité d’intervention spéciale de la Police nationale) et commissaire de police à la retraite — doit être examiné à partir de mardi 17 novembre à l’assemblée Nationale. Il vise à renforcer les pouvoirs des forces de l’ordre et à entraver notamment la liberté d’informer en restreignant la possibilité de diffuser des images des policiers Et donc des violences policières. Avec cette loi, de nombreuses affaires auraient été enterrées, comme celle d’Alexandre Benalla molestant des manifestants place de la Contrescarpe, ou encore celle de Cédric Chouviat, décédé lors d’une violente interpellation policière après une clé d’étranglement et un plaquage ventral.
Pour faire face à cette atteinte aux libertés publiques, un appel à mobilisation a été lancé mardi 17 novembre dans toute la France. A Paris, le rendez-vous est donné place du Président-Édouard-Herriot, face à l’Assemblée nationale par les syndicats de journalistes, qui ont déclaré la manifestation à la préfecture de Paris de 16h à 20h. D’autres acteurs de cette lutte, dont le collectif NON à la loi « sécurité globale » appelle à se rassembler au même endroit à partir de 18 heures. Des mobilisations sont également prévues dans une quinzaines de villes en France (liste à retrouver ici).
Pour éviter les amendes en cette période de confinement, la Ligue des droits de l’homme a publié un kit de mobilisation à télécharger, comprenant notamment une attestation de déplacement dérogatoire de circulation.
« Dans un système qui favorise l’impunité policière, les images sont le seul moyen de défense des citoyens. Leur enlever c’est les désarmer », explique Taha Bouhafs, journaliste pour Là-Bas si j’y suis, dans une vidéo où intervient également Sofia Chouviat, la fille de Cédric Chouviat, ainsi qu’Assa Traoré, figure de proue de la lutte contre les violences policières.
FILMER EST UN DROIT : APPEL À MANIFESTER DEVANT L'ASSEMBLEE NATIONALE CE MARDI 17 NOVEMBRE #StopLoiSécuritéGlobale
Contre la ##PPLSecuriteGlobale avec de nombreuses associations, journalistes, syndicats, familles de victimes, rdv devant l'AN, demain 18h : https://t.co/IZqZnnyTSV pic.twitter.com/CrzI1wW9Sq
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) November 16, 2020
De son coté, le journaliste David Dufresne, connu pour son travail sur les violences policières pendant le mouvement des Gilets Jaunes, a publié une quarantaine de vidéos de journalistes, de chercheurs, d’avocats ou de militants qui expliquent pourquoi cette loi est une atteinte fondamentale à la liberté d’informer.
En parallèle, les syndicats de journalistes ont incité à interpeller les députés pour les convaincre de voter contre ce texte. La Quadrature du net, association de défense des libertés, a d’ailleurs mis en place un module permettant aux citoyens de contacter facilement leurs députés. « Défendons notre droit de manifester, opposons-nous à la censure et à la surveillance généralisée de nos rues », encourage-t-elle.
Avec le soutien de Reporterre
Reporterre ne s’engage jamais, normalement, dans les manifestations, notre rôle étant, en journalistes, d’observer.
Mais cette fois-ci, les enjeux en terme de liberté, et particulièrement du droit d’informer, sont trop grands. Nous avons pris position contre ce projet de loi, et la rédaction soutient les manifestations du mardi 17 novembre, plusieurs de ses journalistes y participant, à Paris ou en province.
Deux ans après la naissance du mouvement des Gilets jaunes
Le 17 novembre marque également le second anniversaire de la naissance du mouvement des Gilets Jaunes. Un appel à rassemblement a été lancé à 14h45 à Montparnasse pour rejoindre ensuite la mobilisation contre cette loi devant l’assemblée Nationale.
Demain, #Paris sera un terrain de luttes : #GiletsJaunes, #universités, Ecolos... 3 rdv pour ensuite converger à l'AN à 18h, pour refuser #PPLSecuriteGlobale, qui viendrait criminaliser toutes les luttes en cours et à venir. #StopLoiSécuritéGobale pic.twitter.com/MUQMmTjfKz
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) November 16, 2020
- Source : Reporterre
- Dessin : © Jean-Benoît Meybeck/Reporterre