Régionales : les Verts partent à l’offensive

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Ils se défendent certes de toute velléité hégémonique mais les Verts sont déterminés à ne pas jouer les seconds rôles lors des élections régionales, prévues pour juin. Pour gagner, Europe Écologie — Les Verts va s’appuyer sur ses laboratoires municipaux.
Après leurs succès européen et municipal, les Verts espèrent confirmer l’essai lors des élections régionales, prévues les 13 et 20 juin prochains. « On assiste à une montée en puissance de l’écologie dans la population, mais aussi au niveau politique, a constaté, combatif, le secrétaire national du parti, Julien Bayou, lors d’une conférence de presse mercredi 31 mars. Avec les régionales, nous voulons réaliser une consolidation de l’écologie politique. »
Pour gagner, Europe Écologie — Les Verts (EELV) entend s’appuyer sur ses laboratoires municipaux : « Le gouvernement parle beaucoup mais agit peu, on le voit avec le projet de loi Climat, vidé de son sens, a affirmé Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe. En face, les écologistes agissent, dans les villes, dans les métropoles, comme à Lyon où on a instauré un RSA jeune [1]… Demain, à l’échelle régionale, on peut réaliser ce que le gouvernement rechigne à faire. » Dans chaque région, les têtes de liste Vertes ont ainsi repris à leur compte certaines des préconisations des 150 citoyennes et citoyens : l’alternative végétarienne quotidienne à la cantine en Île-de-France, le soutien renforcé à l’agriculture bio dans les Hauts-de-France, un plan ferroviaire à 1,5 milliard d’euros en Auvergne-Rhône-Alpes…
Conférence de presse🎙️présentation des #RegionsEcolo #Regionales2021 ⤵️
Pour agir localement contre les crises écologiques, sociales, économiques et démocratiques, voici nos têtes de listes.
« La majorité se contente de discours. Ils parlent, nous agissons ! » @julienbayou pic.twitter.com/s0hpFDjrDR
— EELV (@EELV) March 31, 2021
« Mettre en avant [leur] cohérence », comme les intervenants l’ont répété, suffira-t-il pour l’emporter, alors même que la droite est donnée en tête dans plusieurs régions ? Mercredi 31 mars, la délicate question du rassemblement à gauche était dans la bouche de tous les journalistes. Car à ce jour, les forces progressistes et écologistes peinent à s’unir, mis à part dans les Hauts-de-France, où Karima Deli (EELV) est parvenue à construire une union derrière elle.

Les Verts préfèrent prôner un rapprochement « en plusieurs étapes », à l’instar d’Éliane Romani, tête de liste dans le Grand-Est : « On avance vers le rassemblement, d’abord en rassemblant notre propre famille – les différents courants écologistes – puis en ouvrant aux forces de gauche, autour d’un projet résolument écologiste et social. En ce moment, on discute, rien n’est décidé. » Les partis ont encore un mois avant le dépôt définitif des candidatures.
« Évidemment que les régionales sont le premier tour de la présidentielle »
Qu’arrivera-t-il si les négociations échouent d’ici là ? En Centre-Val de Loire, Charles Fournier (EELV) se veut confiant : « Si on ne parvient pas au rassemblement pour le premier tour, on le fera pour le second tour, a-t-il expliqué. Nous serons les traits d’union de rassemblements très larges de second tour. » Lors d’un scrutin régional, seules les listes ayant obtenu plus de 10 % des suffrages au premier tour peuvent se maintenir au second tour ; en revanche, toutes les listes qui ont obtenu plus de 5 % peuvent fusionner avec celles qui restent dans la course. Les Verts peuvent donc avoir intérêt à se maintenir au premier tour, en espérant arriver en tête des forces de gauche, afin, ensuite, de réaliser l’union derrière eux.
La proposition de Jean-Luc Mélenchon d’accord électoral — « Acceptez qu’il y ait une région avec un tête de liste insoumise et on vous cède les têtes de listes dans les autres », a tweeté l’insoumis --- a d’ailleurs été vite balayée : « On ne va pas faire du troc de régions, a dit Julien Bayou, et surtout, on laisse chaque région décider de sa stratégie ; ce n’est pas la direction nationale qui décide ». Ainsi, même s’ils et elles « discutent » avec tout le monde, même si Julien Bayou se défend de toute velléité hégémonique – « nous sommes les seuls à gauche à avoir retiré notre candidat lors des présidentielles de 2017 » a-t-il rappelé – les écolos semblent déterminés à ne pas jouer les seconds rôles. Clairement, le parti Vert veut apparaître comme la principale alternative à la droite – extrême, classique ou macroniste : « L’avenir, c’est l’écologie, a soutenu M. Bayou. Le passé, c’est le Rassemblement national ; le présent, où il faut s’adapter sans cesse sans cap ni vision, c’est La République en marche. »
Car bien que le parti affirme « se focaliser sur les élections régionales avant tout », ils sont plusieurs à avoir 2022 en ligne de mire. « Évidemment que les régionales sont le premier tour de la présidentielle, a estimé Matthieu Orphelin, tête de liste (sans étiquette) dans les Pays de la Loire. Si on veut avoir un président écolo en 2022, il faut gagner trois ou quatre régions. C’est la dernière étape, après les élections européennes et les municipales, pour créer une dynamique et nous propulser pour 2022. »
Quant à l’appel de Yannick Jadot à « se mettre autour de la table » avec toutes les forces de gauche en vue des présidentielles, Julien Bayou a joué la carte de la tempérance : « On va d’abord élaborer un socle programmatique, à partir de juillet, puis on désignera notre champion en septembre, et ensuite, oui, il y aura des discussions pour un rassemblement », a-t-il rappelé.