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Bérangère Abba, Joël Giraud : l’engagement écolo à géométrie variable des nouveaux secrétaires d’État

Dimanche 26 juillet, 11 secrétaires d’État sont venus s’ajouter au gouvernement nommé il y a trois semaines par Jean Castex. Cinq faisaient partie du précédent gouvernement, six nouveaux viennent compléter le casting. Parmi ces entrants, on peut noter trois postes dont les attributions sont proches des thématiques écologiques. Bérangère Abba est en charge de la biodiversité auprès de la ministre de la Transition écologique ; Joël Giraud est en charge de la ruralité auprès de la ministre de la Cohésion des territoires ; et Olivia Grégoire est chargée de l’économie sociale et solidaire (ESS) auprès du ministre de l’Économie.

  • Bérangère Abba

Bérangère Abba, députée La République en marche (LREM) de la Haute-Marne, a été nommée secrétaire d’État à la Biodiversité. Elle travaillera de concert avec Barbara Pompili, sa ministre de tutelle et l’appuiera sur ces enjeux alors que deux rendez-vous majeurs auront lieu en 2021 : en janvier, le Congrès mondial pour la nature à Marseille et en mai la COP 15 de la biodiversité, en Chine.

À l’Assemblée nationale, elle avait rejoint la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire. A cette occasion, elle avait présidé le groupe d’étude sur les parcs nationaux, parcs naturels régionaux et aires protégées. Elle avait inauguré le nouveau parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne situé dans sa circonscription.

En février 2019, elle avait également été nommée déléguée nationale à la Transition écologique de LREM. En octobre de la même année, elle était entrée au conseil d’administration de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui gère notamment le projet d’enfouissement à Bure.

Un sacré volte-face que Reporterre avait révélé à l’époque. Bérangère Abba avait été adhérente du Cedra, une association antinucléaire impliquée dans la lutte contre Bure. Elle s’était même affichée en photo contre le projet. Joint par Reporterre, la députée s’était justifiée :

Expliquez-moi ce que j’aurais dû faire ? Vous ne préféreriez tout de même pas que je reste tranquillement chez moi, enroulée dans un plaid, à croire que tout est joué, drapée de certitudes ? Non, je bosse, je cherche les infos là où elles sont, et de tous bords, pour éclairer nos choix. »

Malgré son poste, Bérangère Abba expliquait rester « dubitative » par rapport au projet Cigéo : « Je me suis toujours interrogée sur la notion de réversibilité, les coûts et l’éthique de ce mode de gestion ». Elle assurait avoir relayé à l’Assemblée nationale les alternatives au stockage en profondeur des déchets radioactifs. « Il faut mettre toutes les options sur la table de manière pragmatique. Je regrette que l’idée d’un stockage en subsurface ait été écartée », confiait-elle.

En octobre 2017, elle avait aussi signé avec 53 députés de la République en marche un manifeste pour réclamer l’interdiction du glyphosate « le plus rapidement possible » dans toute l’Union européenne. Mais un an plus tard, elle refusait d’inscrire son retrait dans la loi.

Même chose pour le Ceta, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. La députée n’était pas présente lors du vote. Le matin elle assistait à une rencontre entre Greta Thunberg et les députés français, évènement organisé par le collectif Accélérons la transition, dont elle est membre. L’après-midi elle avait séché les débats. « J’avais un rendez-vous important au même moment. Entre nous, ça tombait bien », disait-elle à Reporterre.

  • Joël Giraud

À l’origine membre du Parti radical de gauche, Joël Giraud est député des Hautes-Alpes depuis 2002 et s’est fait réélire sous la bannière LREM aux dernières législatives. Il est aussi maire de L’Argentière-La-Bessée depuis... 1989 ! Ces dernières années, il s’est particulièrement impliqué dans le combat en faveur du maintien de lignes de trains dans son département enclavé. Mais il a aussi pris des positions concernant l’agriculture proches de celles du syndicat majoritaire et productiviste, la FNSEA. Le 25 juillet dernier, soit la veille de sa nomination comme secrétaire d’État, il a co-signé avec 35 députés LREM une tribune dans le JDD contre « l’agribashing », dénonçant un « dénigrement permanent de nos éleveurs ». En août 2019, en pleine sécheresse, il avait obtenu grâce à un lobbying intensif un décret permettant de pomper encore plus d’eau dans les cours d’eau. En 2015, il avait demandé à la ministre de l’Écologie de financer des équipements facilitant la chasse aux loups.

Enfin, Olivia Grégoire, passée par des cabinets ministériels de droite (Jean-Pierre Raffarin et Xavier Bertrand), avait, avant d’être députée, fondé un cabinet de conseil en stratégie d’entreprise à destination des PME et start-ups et travaillé chez le géant de la com’ Havas. Elle devrait donc défendre une vision très start’up de l’ESS.

  • Source : Reporterre
  • Photo : Bérangère Abba à l’époque de son opposition au projet Cigéo. © Bernard Nicolle

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