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Climat : un magnat du pétrole présidera la COP28

Les observateurs craignaient de ne pouvoir débattre sereinement de l’avenir des énergies fossiles, lors de la prochaine COP qui se tiendra fin 2023, aux Émirats arabes unis, septième producteur mondial de pétrole. Cette annonce aura probablement raison de leurs derniers espoirs : les autorités émiraties ont nommé président de l’évènement Sultan Ahmed Al Jaber, PDG de la principale compagnie pétrolière émiratie, ministre de l’Industrie et envoyé spécial pour le climat.

« La nomination de Sultan Ahmed Al Jaber à la présidence de la COP28, [...] constitue un conflit d’intérêts scandaleux, a réagi Harjeet Singh, de l’organisation Climate Action Network International. La menace constante des lobbyistes des combustibles fossiles lors des négociations climatiques de l’ONU a toujours affaibli les résultats de la Conférence sur le climat, mais cette situation atteint un autre niveau dangereux et sans précédent. »

Lors de la COP27, qui s’est tenue fin 2022 à Charm el-Cheikh (Égypte), les organisations environnementales avaient déjà dénoncé la présence massive des lobbies de l’industrie pétrolière et gazière. Ils étaient 25 % de plus que l’année précédente à Glasgow. À eux seuls, ils étaient plus que les représentants des dix pays les plus touchés par le changement climatique. Les lobbies émiratis étaient d’ailleurs les plus nombreux, suivis des Russes, rappelle Le Figaro.

La nomination du magnat du pétrole n’est pas une surprise, observe Ouest-France. Sultan Ahmed Al Jaber a dirigé les délégations émiraties à l’occasion des deux dernières COP. S’il a fondé Masdar, l’un des premiers investisseurs mondiaux dans les énergies renouvelables, l’entrepreneur préside également depuis 2016 Adnoc, la première compagnie pétrolière du pays. Et le PDG défend fermement son business : à l’occasion de la COP27, il a insisté sur la nécessité d’investir encore massivement dans le pétrole, de l’ordre de « 600 milliards de dollars tous les ans jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande énergétique mondiale », rappelle Le Monde.

Le magnat du pétrole estime défendre une vision de la transition « pragmatique, réaliste et axée sur les solutions », alors que tous les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) alertent sur l’urgence d’arrêter l’usage des fossiles au plus vite. Pour lui, « l’action climatique est une immense opportunité économique d’investissement dans la croissance durable ». À l’occasion de la COP27, les ONG avaient dénoncé la régression des discussions sur la question de la sortie des énergies fossiles, vitale pour notre planète. À près d’un an de la prochaine échéance, les espoirs de relancer ce débat sont au plus bas.

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