Des eurodéputés veulent sauver les forêts du Grand Est

Le 6 juin 2022, élus, habitants et associatifs réunis pour évoquer la menace qui pèse sur les forêts meusiennes. - © Clémence Michels / Reporterre
Le 6 juin 2022, élus, habitants et associatifs réunis pour évoquer la menace qui pèse sur les forêts meusiennes. - © Clémence Michels / Reporterre
Durée de lecture : 3 minutes
ForêtsSécheresse, attaques de scolytes... les bois meusiens sont à la peine. Bien peu est fait car « le gouvernement actuel ne voit que l’intérêt économique des forêts », tacle une eurodéputée écologiste.
Dugny-sur-Meuse (Meuse), reportage
Mardi 7 juin, habitants de Dugny-sur-Meuse (Grand Est), associations de défense de l’environnement et élus ont doublé leur réunion publique d’une promenade dans les bois. Celle-ci a été organisée par Johan Laflotte et Catherine Collinet-Jung, respectivement candidat et suppléante aux élections législatives sur la deuxième circonscription de la Meuse (Nupes) afin de réfléchir à comment lutter contre les effets du réchauffement climatique sur les forêts. Et notamment celles du Grand Est – région légèrement plus boisée que la moyenne nationale en métropole [1] et la seule où la forêt publique est majoritaire.
Comme de nombreuses forêts de la région, celle de Dugny-sur-Meuse a fortement souffert à cause de crises successives. La tempête de Lothar de 1999, qui a ravagé les forêts européennes, a détruit 14 000 hectares en Meuse. Les arbres restants, affaiblis par la sécheresse, étaient d’autant plus vulnérables aux attaques de scolytes. « Les scolytes sont de toutes petites bêtes qui rentrent dans le bois, notamment dans les épicéas. Ils se nourrissent de leur sève jusqu’à la mort de l’arbre », explique Jean-Marie Brenner, adjoint à la mairie de Dugny-sur-Meuse et spécialiste des forêts.
Conséquences : pour éviter qu’ils ne se propagent, la commune a autorisé les coupes rases – soit l’abattage de toute une parcelle — afin de sortir les arbres infectés. « Ce n’est pas à cause du scolyte que la forêt meurt, mais parce qu’elle est "monospécifique" », précise Yannick, « militant forestier » — selon ses mots. « L’humain a décidé de ne planter qu’une espèce sur toute une superficie, donc si un arbre est malade, toute la colonie finit contaminée », ajoute l’homme, vêtu d’un tee-shirt « marche pour la forêt ».

Un tiers des forêts du Grand Est est effectivement dominé par la présence d’une seule essence d’arbres – des épicéas en l’occurrence, des résineux « à croissance rapide » – selon une étude menée par Lorraine Nature Environnement. Les autres arbres sont également menacés : le hêtre, par exemple, souffre de la sécheresse, tandis que le frêne est victime de la chalarose, maladie causée par un champignon microscopique.
Pour surmonter ces menaces, l’ONF est bien à la peine : le nombre de fonctionnaires a baissé de 40 % en vingt ans, le service public forestier est démantelé et la privatisation avance à marche forcée.
« Le gouvernement actuel ne voit que l’intérêt économique »
« Le gouvernement actuel ne voit que l’intérêt économique des forêts », dit, au fond des bois, l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, accompagnée du paysan et eurodéputé Benoît Biteau. Un symbole : « L’ONF est sous la tutelle du ministère de l’Agriculture plutôt que celui de la Transition écologique ». Le candidat de gauche aux législatives Johan Laflotte abonde : « Il y a une baisse de moyens financiers et du personnel – avec environ un agent forestier pour vingt communes. Les agents aimeraient bien faire leur boulot mais ils sont de moins en moins sur le terrain. »

Présidente du groupe groupe écologiste à la Région Grand Est, Éliane Romani affirme que l’ONF exporte des quantités énormes de bois, « surtout vers la Chine, qui veut ainsi éviter la destruction de ses propres forêts ». L’ONF approvisionne par ses ventes 35 % du marché du bois en France. « Nous nous battons déjà au niveau européen pour changer la loi et préserver la biodiversité des coupes rases, des scieries et de l’exploitation industrielle », explique Marie Toussaint. Qui espère désormais un changement de politique nationale.