Des experts de l’ONU s’inquiètent de la violence de la police française

Les manifestations contre la réforme des retraites a été réprimée (ici à Lyon, en juin). - © Emrah Oprukcu / NurPhoto via AFP
Les manifestations contre la réforme des retraites a été réprimée (ici à Lyon, en juin). - © Emrah Oprukcu / NurPhoto via AFP
Jeudi 15 juin, les experts [1] de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face à l’usage excessif de la force lors des manifestations organisées en France au début de l’année, contre la réforme des retraites et les projets de mégabassines à Sainte-Soline.
« La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser les foules : des munitions que la France est le seul pays européen à utiliser dans des opérations de maintien de l’ordre public », ont-ils déclaré. La répression policière aurait fait des dizaines de blessés, parmi lesquels des manifestants, des journalistes, des élus et des passants. À Paris, la brigade motorisée Brav-M a menacé et frappé des manifestants, et à Sainte-Soline, la police a tiré des balles en caoutchouc depuis des quads en mouvement, tandis que les services d’urgence ont été empêchés d’intervenir pour secourir une personne grièvement blessée. Dans plusieurs villes, des arrestations arbitraires ont été signalées. « Le nombre de personnes blessées et la gravité des actes de violence signalés sont alarmants », ont commenté les experts.
Tendance à la criminalisation des écologistes
Ils ont aussi déclaré avoir reçu des informations inquiétantes sur l’utilisation d’une rhétorique criminalisant les défenseurs des droits humains, y compris les activistes environnementaux, parmi les membres du gouvernement. Ils se sont inquiétés d’une tendance croissante à la stigmatisation et à la criminalisation des personnes et des organisations de la société civile qui sensibilisent aux conséquences du changement climatique, afin de justifier l’usage excessif, répété et intensifié de la force à leur encontre.
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« Le manque de retenue dans l’usage de la force contre des membres de la société civile qui réclament leur participation légitime aux processus de prise de décision concernant leur avenir, l’accès aux ressources naturelles, la protection des droits de l’Homme, la dignité et l’égalité serait non seulement antidémocratique, mais aussi profondément inquiétant pour la protection de l’État de droit », ont-ils déclaré.
Ils ont appelé les autorités à entreprendre une révision complète de leurs stratégies et pratiques de maintien de l’ordre afin de permettre aux manifestants d’exprimer leurs préoccupations et de faciliter les manifestations pacifiques et la participation aux affaires publiques. Un tel appel avait déjà été lancé au gouvernement français en 2019, lors du mouvement des Gilets jaunes.