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Énergie

En 2022, le monde va toujours au charbon

La mine de Garzweiler appartient à la compagnie RWE.

En 2022, le monde n’a jamais autant consommé de charbon. Pénurie de gaz russe oblige, certains pays européens se sont tournés vers des ressources fossiles moins chères. Cette hausse de la consommation devrait être temporaire.

Ultrapolluant, le charbon est toujours massivement utilisé dans le monde. Pis, la consommation mondiale a augmenté de 1,2 % en 2022 par rapport à l’année précédente, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE) — soit 8 milliards de tonnes, un record. L’AIE a publié mi-décembre un rapport prévisionnel sur le marché du charbon concernant la période 2022-2025

Le charbon est le moyen de production d’électricité majoritaire dans le monde, ainsi que la première source de rejets de CO. « Le charbon devrait être le premier combustible fossile à décliner, dit Keisuke Sadamori, directeur des marchés et de la sécurité énergétiques à l’AIE. Mais nous n’y sommes pas encore. »

Reporterre fait le point, en graphiques, sur la passion mondiale pour le charbon.

En Chine (53 % de la consommation mondiale de charbon), les vagues de chaleur et de sécheresse durant l’été ont fait grimper la demande en électricité. La baisse de la production hydroélectrique en raison des conditions météorologiques extrêmes a contraint le pays à utiliser davantage de charbon notamment pour alimenter… les climatiseurs.

De son côté, l’Europe, très dépendante des importations du gaz russe, a été durement touchée par la guerre en Ukraine et l’envolée des prix du gaz naturel. Craignant une pénurie d’approvisionnement de gaz et fragilisés par la baisse de la production nucléaire, notamment en France, certains pays européens se sont tournés vers des ressources fossiles plus abordables que le gaz. Et ont donc refait prendre du service à des centrales à charbon : c’est le cas de la France, et surtout de l’Allemagne.

La Chine, l’Inde et l’Indonésie, les trois plus grands producteurs de charbon au monde, ont tous battu cette année leurs records de production.

Le rapport livre cependant des bonnes nouvelles : malgré des prix de revente élevés et donc des bénéfices records pour les producteurs, il n’y a pas de signe d’augmentation des investissements dans ce combustible fossile. De plus, pour l’AIE, la hausse de la consommation de charbon en Europe ne devrait être que temporaire et s’inverser dans deux ans.

Au niveau mondial, la demande de charbon devrait rester stable jusqu’en 2025 — mais cela dépend de la Chine, dont le système électrique représente un tiers de la consommation mondiale, indique le rapport.

Le charbon a donc encore de belles années devant lui. Pour autant, le directeur des marchés et de la sécurité énergétiques à l’AIE précise que « la crise actuelle accélère aussi le déploiement des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et le recours aux pompes à chaleur ». Il ajoute que « les politiques gouvernementales seront cruciales » pour assurer la transition énergétique.

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