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Politique

Les maires Verts défendent leur « écologie d’action »

Neuf maires écologistes venus de Poitiers, Besançon, Strasbourg, Grenoble... se sont réunis le 5 avril pour défendre leur bilan.

Réunis à Lyon, les maires écologistes ont présenté leur bilan de mi-mandat. « Notre action n’est pas aussi caricaturale que ce que voudrait faire croire le gouvernement », résume Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers.

Lyon, correspondance

L’exercice à l’allure d’un grand oral. En trois minutes, chaque candidat doit comprimer trois années de mandat et s’astreindre à une thématique : santé, social, sécurité, mobilité ou éducation… Neuf maires écologistes venus de Poitiers, Tours, Annecy, Besançon, Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Saint-Égrève et Arcueil s’étaient donné rendez-vous mercredi 5 avril à Lyon pour dresser leur bilan de mi-mandat.

Objectif : convaincre l’auditoire — une grosse vingtaine de journalistes — que les Verts sont des gestionnaires responsables et contrecarrer les discours anti-écolos qui montent crescendo. « Ce qu’on démontre aujourd’hui, c’est que notre action n’est pas aussi caricaturale que ce que voudrait faire croire le gouvernement », souligne Léonore Moncond’huy, nommée à la tête de Poitiers en 2020. Aux manettes de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard abonde : « Nos maires sur l’ensemble des territoires sont dans l’écologie d’action. »

Cours d’école végétalisées, circulation des voitures en baisse, revenu de solidarité jeunesse... C’est par les actes que les élus entendent façonner l’écologisme municipal. © Moran Kerinec / Reporterre

C’est par les actes que les élus entendent façonner l’écologisme municipal. À Lyon, grâce au déploiement d’une politique vélo, l’amélioration de l’offre de transports en commun et les prémices d’une ZFE (zone à faible émission), « la circulation automobile a baissé de 8 % [par rapport à 2019], la fréquentation des transports en commun a augmenté de 8 % et le vélo explose », se félicite Bruno Bernard. La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian assure être « en première ligne de l’urgence sociale ». Sous son mandat, le budget du centre communal d’action sociale de sa ville a augmenté de 40 %. La Métropole de Lyon a, elle, établi un revenu de solidarité jeunesse pour soutenir les 18-25 ans précaires.

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Léonore Moncond’huy met, elle, l’accent sur l’adaptation des équipements éducatifs au dérèglement du climat : cours d’école végétalisées et bâtiments scolaires à énergie positive. L’assiette des écoliers est également au cœur des politiques écologistes. Depuis la rentrée 2022, celles des petits Lyonnais est « 50 % bio et 50 % locale sans en augmenter le tarif », pointe leur maire Grégory Doucet. Sur le volet santé, le maire de Saint-Égrève, en Isère, Laurent Amadieu, vante le « contrat local de santé » que sa collectivité a élaboré avec l’Agence régionale de santé pour fertiliser le désert médical de sa région : « Pour redevenir attractif, nous avons accompagné une maison de santé avec trois médecins libéraux. »

Les édiles assurent maintenir des échanges réguliers entre leurs services. « Nous formons un réseau qui vit. C’est essentiel pour partager nos solutions de politique publique et parfois, nos difficultés », dit Grégory Doucet. Car derrière les succès présentés, les élus Europe Écologie-Les Verts se confrontent également aux limites de leur mandat. Covid-19, crise énergétique, inflation… Les collectivités de tout bord ont été financièrement fragilisées. « Ça nous impose d’avoir un rythme moins rapide que ce qu’on souhaiterait. Dès qu’on veut faire du plus, il faut se questionner sur où faire moins », regrette Léonore Moncond’huy.

« À Lyon, le vélo explose »

Les difficultés s’accumulent également quand les mairies écologistes ne s’alignent pas sur les politiques gouvernementales. À Strasbourg, Jeanne Barseghian a annoncé attaquer l’État pour sa « défaillance » à mettre à l’abri les personnes vivant à la rue : « On est le dernier rempart quand l’État précarise les politiques publiques nationales. Ces questions d’hébergement d’urgence relèvent de sa compétence et il y a des carences. On a des campements qui fleurissent parce que le 115 est saturé et que le nombre de places d’hébergement est sous-dimensionné. » Dans la Vienne, Léonore Moncond’huy a « de fortes divergences d’interprétation avec la préfecture sur le contrat d’engagement républicain et donc sur la liberté associative » concernant un atelier de formation à la désobéissance civile d’Alternatiba. Ces relations houleuses avec les représentants de l’État sont « parfois un frein à notre action », admet l’élue.

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