PODCAST- Et si on fêtait Noël autrement ?

Durée de lecture : 5 minutes
Quotidien Les Reporterriens NoëlLes Reporterriens, c’est le podcast de l’écologie, réalisé par Reporterre en partenariat avec Ground Control. Pour le 3e épisode, nous avons discuté du sens profond de la fête de Noël, très éloignée de la surconsommation.
Noël n’a pas toujours été synonyme de surconsommation ! Comment fêter Noël autrement, en retrouvant le sens profond de cette fête du solstice d’hiver et célébrant le retour de la lumière ? Le 3e épisode du podcast Les Reporterriens aborde la question avec Flore Berlingen (Zero Waste France), Laura Morosini (Chrétiens unis pour la Terre) et Nadine Cretin (historienne), autour de Hervé Kempf (Reporterre).
Voici l’émission, enregistrée au Ground Control, à Paris :
- Lien du podcast ici
Production : Laura Eisenstein ; réalisation : François Touchard ; animation : Hervé Kempf, micro-trottoirs : Frédéric Haury.
Plutôt que des cadeaux, partager des moments forts
- Résumé du podcast
Flore Berlingen raconte que pour les participants au défi Rien de neuf, qui consiste à acheter le moins d’objets neufs possible, une des périodes les plus difficiles est Noël. Non seulement, il faut oser faire un cadeau qui n’est pas neuf, mais aussi expliquer à ses proches qu’on ne veut pas d’un cadeau neuf. « Refuser un cadeau est extrêmement difficile ». Mais il ya plein d’alternatives au neuf : la fripe, la récupération, fabriquer soi-même, l’immatériel – offrir du temps. Car au fond, ce qui fait la force du cadeau, c’est l’intention.

Laura Morosini va dans le même sens : au moment de Noël, on peut se poser la question de l’autre, donner de l’attention, du temps, qui est la ressource la plus rare aujourd’hui. Et fabriquer quelque chose soi-même ou recycler implique d’y passer du temps, c’est une occasion de méditation pour l’autre, de penser à l’autre plus qu’à soi.
Ceci dit, notamment pour les enfants, la pression de la publicité est énorme. Mais Flore Berlingen observe que, comme l’ont montré les réactions face au Black Friday, il y a un début de réaction à la publicité et aux offres commerciales qui nous inondent. Et elle ne vient pas seulement des associations, mais aussi de certains fabricants qui ne veulent plus souscrire à ce modèle de surconsommation, qui voudraient vendre moins mais mieux.
Pour les enfants, Laura Morosini souligne que le plus important est ce qui laisse des souvenirs, c’est ce qu’on a vécu. On peut chercher à vivre des moments exceptionnels à Noël, par exemple planter des arbres, ou faire une balade la nuit – vivre quelque chose qu’on ne vit pas le reste du temps.
Au fait, pourquoi éviter trop de cadeaux neufs ? Parce que, rappelle Flore Berlingen, en évitant la consommation d’un objet, on fait bien plus qu’éviter un déchet, on épargne toutes les ressources environnementales qui ont été nécessaires pour le produire. Sans oublier l’aspect social, parce que beaucoup d’objets sont produits très loin et souvent dans des conditions d’exploitation.

Dans une deuxième partie, après des interviews de passants sur le sens qu’ils donnent à Noël (14’40’’), on en vient à l’histoire de cette fête. Sous sa forme actuelle - famille repliée sur elle-même, obligation sociale de faire des cadeaux -, elle date du XIXe siècle, dit Laura Morosini, lorsqu’en Angleterre, les grands magasins commençaient à se développer, et ont inventé les vitrines de Noël et stimulé l’usage des présents. Auparavant, on ne s’offrait pas spécialement de cadeaux, on mangeait ensemble, on le vivait de manière communautaire, pas seulement en famille. « Il y a dans Noël l’idée d’un partage plus large » – qui pourrait nous intéresser aujourd’hui, par exemple pour accueillir les migrants, et faire la place aux pauvres.
Flore Berlingen dit que les grands magasins ont aussi inventé les soldes, pour créer de nouveaux débouchés à la surproduction, qui est inhérente au système économique dans lequel nous vivons. Et plein de de stratégies sont inventées pour écouler cette marchandise : l’obsolescence programmée, les soldes et autres périodes promotionnelles, la publicité, Black Friday, les cadeaux de Noël…

Au téléphone (20’13’’), l’historienne Nadine Cretin raconte que la fête de Noël est très ancienne. Le solstice d’hiver – le jour le plus court de l’année, dans l’hémisphère nord- était célébré lors des saturnales à Rome : on organisait de grands banquets, on inventait un roi de fantaisie, les maîtres invitaient leurs domestiques à table : on retrouvait l’âge d’or, où tous étaient égaux. Ce n’est qu’au 4e siècle que l’Eglise a inventé Noël, en plaçant la date de la naissance de Jésus au 25 décembre. Mais l’on a surtout conservé la coutume du grand repas, la « tabula fortunata », la table qui portait bonheur, où l’on mangeait beaucoup, la veille des calendes de janvier, qui correspond à notre réveillon de la Saint-Sylvestre.
Flore Berlingen retient une phrase de ce qu’a dit Nadine Cretin : l’abondance promet l’abondance. Le gaspillage serait garante de nos besoins futurs. Mais aujourd’hui, le gaspillage compromet la satisfaction de nos besoins futurs.
Pour Laura Morosini, la période de Noël est aussi une période d’attention aux relations : « Se préparer par l’intériorité va faire vivre le moment de Noël différemment, pour en sortir avec le sourire, avec de la joie, en ayant construit de la beauté ensemble ». Ce que Nadine Cretin confirme : « Noël est une période de réconciliation, où l’on se retrouve, une période où l’on a envie de faire plaisir aux autres ».
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