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En brefNature

Trente sites classés ne seront plus protégés

Le massif cantalien, site classé Patrimoine national.

C’est un patrimoine de proximité. Par exemple des arbres remarquables, des points de vue, un lieu où nichent des hérons, un ancien cimetière, une Église et ses abords, de vieux ponts. Trente sites inscrits ont perdu toute protection, via un décret du 5 mai 2022. Ils sont considérés dans un « état de dégradation irréversible », précise le texte. C’est une mise en application de la loi de biodiversité de 2016, qui avait ouvert la voie à la désinscription de certains sites.

« Un site inscrit est un espace naturel ou bâti de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque qui nécessite d’être conservé », explique le ministère de la Culture. Une autorisation ministérielle ou préfectorale est nécessaire pour tous les travaux modifiant l’aspect des lieux.

Cela ne semble donc pas avoir suffit à protéger ces lieux remarquables. « Ce texte acte l’échec d’une politique », regrette le spécialiste en droit de l’environnement Guillaume Sainteny auprès de Reporterre. « On constate que des sites ont été dégradés ou artificialisés et donc on supprime leur protection. On devrait plutôt se demander pourquoi ils ont été dégradés alors qu’ils étaient protégés. »

« On devrait se demander pourquoi ils ont été dégradés alors qu’ils étaient protégés »

Par ailleurs, le décret déclasse 503 autres sites, arguant qu’ils bénéficient d’une autre mesure de protection de niveau équivalent. « Ce décret est une première, il est le fruit d’un travail minutieux pour réinterroger pour chaque site, compte tenu de l’évolution des outils disponibles et des enjeux, le bon outil de protection, gage d’une action efficace. C’est un travail très fin qui a été mené à l’échelle départementale et nationale pour faire cette analyse », a expliqué la secrétaire d’État à la biodiversité Bérangère Abba à nos confrères d’Actu environnement.

Macron n’en est pas à son premier coup de canif dans la protection des sites inscrits

Là encore, M. Sainteny n’est pas convaincu. Pour lui, « dans plusieurs dizaines de cas, il n’y a pas d’autre protection, ou elle n’est pas toujours équivalente. Cette mesure est contraire à l’objectif présidentiel des 30 % de surfaces protégées et à la politique de zéro artificialisation nette. »

Emmanuel Macron n’en est pas à son premier coup de canif dans la protection des sites inscrits. En 2019, Reporterre avait révélé une autre mesure les concernant : alors que les autorisations de travaux étaient auparavant données uniquement à un niveau ministériel, une partie de ce pouvoir a été délégué aux préfets. Une autorité donc bien plus locale et perméable aux pressions des promoteurs.

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