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Alternatiba

« Irrintzina », le film qui raconte l’histoire d’Alternatiba

Réalisé au cœur du mouvement Alternatiba par Sandra Blondel et Pascal Hennequin, « Irrintzina » raconte l’émergence d’une nouvelle génération de militants mobilisés pour défendre le climat.

  • Actualisation - Le film Irrintzina est depuis fin novembre 2019 en visionnage gratuit sur Imago TV : à voir ici

  • Marseille (Bouches-du-Rhône), correspondance

L’irrintzina, c’est un cri dont les bergers basques se servent pour communiquer à distance en montagne. Sandra Blondel et Pascal Hennequin, du média libre Fokus 21, l’ont choisi comme titre pour le documentaire qu’ils ont réalisé au cœur du mouvement Alternatiba : Irrintzina, le cri de la génération climat.

Alternatiba est un mouvement parti du Pays basque à l’instigation de l’association Bizi !, afin d’alerter sur l’urgence climatique. La démarche est double : d’un côté, la mise en avant des alternatives apportant une réponse aux enjeux climatiques ; de l’autre, l’organisation d’actions de désobéissance civile ciblant les multinationales et les banques portant des responsabilités dans la crise climatique. Depuis la COP21, la conférence internationale sur le climat tenue à Paris fin 2015, Alternatiba s’est unie avec Action non violente COP21 (ANV-COP21) pour former « les deux jambes » de cette démarche.

Le film s’ouvre sur le procès de Jon Palais à Dax, le 9 janvier 2017. Le militant, cofondateur d’Alternatiba et d’ANV-COP 21, est poursuivi pour avoir participé à une action de « réquisition » de chaises dans une agence BNP. Du fait de la mobilisation des militants, le procès tourne au succès pour eux. Jon Palais est relaxé. La dénonciation de l’évasion fiscale et de ses méfaits sur le climat s’offre au grand jour.

Le procès de Jon Palais.

Par la voix de Sandra Blondel, qui narre à la première personne, Irrintzina déroule alors le fil de la réussite de cette mobilisation sur les enjeux climatiques : depuis le village Alternatiba Bayonne, organisé en octobre 2013, où les rues de la ville étaient occupées par les présentations d’alternatives, jusqu’aux mobilisations de la COP21 et à celles s’opposant au sommet des pétroliers, MCE Deepwater Developement de Pau, en avril 2016. Sans oublier la riche expérience des 5.000 kilomètres du tour Alternatiba à vélo précédant la COP21. « Le film raconte l’émergence d’une nouvelle génération de militants. C’est par l’action que se transforment nos imaginaires et c’est ce qu’on a voulu montrer dans une écriture très immersive », nous dit Sandra.

Dans Alternatiba, Pascal et Sandra ont perçu une initiative capable de franchir un seuil tant sur le nombre d’engagés que sur l’impact des actions. « On avait organisé plein d’écofestivals. Je me sentais blasée sur les alternatives : on y bossait depuis dix ans, et rien ne changeait », témoigne Sandra. En juin 2014, en déversant une tonne de charbon devant l’agence bancaire de Bayonne, les militants de Bizi ! ont contraint la Société générale à arrêter le financement d’Alpha Coal, une mine de charbon en Australie. « Là, on s’est dit, c’est balèze. Leur stratégie permet de gagner des batailles contre des mastodontes », raconte avec ferveur Sandra. Le fonctionnement « sur les deux jambes » apparaît comme une évidence dont il faut rendre compte pour les vidéastes activistes.

À l’image de ce que provoque Alternatiba comme rencontres, échanges et coopérations, les documentaristes défendent un mode de production et de diffusion alternatif. Pas moins d’une vingtaine de vidéastes ont contribué au tournage ou à des images d’archives. « C’était la première fois que l’on travaillait aussi collectivement. On a appris à faire en faisant », raconte Sandra. Se définissant « reporter vidéaste indépendant », Stéphane Trouille a tourné avec Pascal et Sandra à la COP21 et à Pau. Il témoigne du « plaisir de travailler en équipe et des échanges collectifs à chaque étape du film ». Les premières versions du film ont été présentées aux membres d’Alternatiba, mais aussi à un large public. « Ces préprojections ont apporté des retours pris en compte pour le montage final du film », dit Stéphane.

Stéphane Trouille, Pascal Hennequin et Sandra Blondel sur le tournage à Montreuil, en décembre 2015, lors de la COP21.

Le 10 mars, la version définitive était dévoilée au public marseillais pour la toute première avant-première, dans le cadre du Printemps du film engagé. La salle était à son comble, les applaudissements nourris. « Beaucoup ont revécu des moments auxquels ils avaient participé. Particulièrement le village Alternatiba de Marseille, que la mairie a voulu interdire. C’est pour cela que l’émotion était forte. Mais les gens ont aussi applaudi les militants qui mettaient en jeu leur propre corps pour s’opposer aux pétroliers, alors qu’ils n’ont pas vécu cette action », dit Pascal. C’est en partageant l’émotion et le cheminement qu’ils ont eux-mêmes ressentis que Sandra et Pascal espèrent engager un public, le plus large possible, à basculer pour les alternatives et la désobéissance.

Le film commence une série d’avant-premières, accompagnées par les réalisateurs. Après Paca et la Corse, il sera présenté dans le grand Sud-Est en mai, dans le Sud-Ouest et l’Ouest en juin et en région parisienne en septembre, avant la sortie nationale le 11 octobre.


ALTERNATIBA ET ANV-COP21 POURSUIVENT LEUR CHEMIN

Pour 2017 et 2018, le programme des actions d’Alternatiba et d’ANV-COP21 promet d’être copieux. Interrogée par téléphone, Cécile Marchand ne cache pas son enthousiasme. En service civique depuis février 2016, elle fait partie, à 21 ans, des nouveaux visages d’Alternatiba. Avant d’assurer une responsabilité nationale d’animation du réseau, Cécile a participé à l’organisation du village Alternatiba de Lille puis au Tour Alternatiba. Comme cela s’est passé pour elle, les nouvelles forces vives sont cooptées par celle déjà en place et la base des actifs s’élargit. De six activistes qui ont initié Alternatiba en 2013, une cinquantaine composent l’équipe d’animation actuelle. Des personnes « issues de processus locaux », selon les mots de Cécile. Les membres historiques sont toujours présents, mais moins en avant. « Ils ont passé le relais. Le pari était de transmettre à une nouvelle équipe et ça a marché », dit Cécile.

Cécile Marchand, l’une des 50 animatrices d’Alternatiba.

Au moins une vingtaine de villages Alternatiba s’installeront en 2017, en France mais aussi à Genève, au Sénégal et à Haïti. Deux tours à vélo sont également prévus pour rendre visibles les alternatives : en Rhône-Alpes en juillet et en Ile-de-France la deuxième quinzaine de septembre, avant le village Alternatiba de Paris, qui aura lieu le 30 septembre. Un nouveau grand tour à vélo est en cours d’élaboration pour 2018 avec toujours la mise en avant d’alternatives, mais aussi des formations à l’action non violente et des soutiens aux actions pour les groupes locaux qui le souhaiteront. « On terminera par une action de désobéissance massive, dix fois plus importante que celle de Pau », annonce Cécile.

« Changer d’échelle » pour leurs actions, c’est ce que souhaitent les militants. La création de lieux, comme l’Alternatibar de Lyon permettra « de mailler le territoire » pour l’émergence des alternatives comme pour l’appui logistique au mouvement. « Un guide de création des lieux alternatifs », que ce soit bars associatifs, ressourceries, fab labs, etc., sera publié cet été. Comme autre moyen d’informer et d’encourager les alternatives, Alternatiba planche avec d’autres collectifs sur « une plateforme web des alternatives », à même de les recenser et de les cartographier le plus exhaustivement possible.


Le programme des projections est ici

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