Rentrée politique : pour l’écologie, on repassera

Conseil des ministres du 24 août 2022. - © AFP/Pool/Mohammed Badra
Conseil des ministres du 24 août 2022. - © AFP/Pool/Mohammed Badra
Sécheresse, énergies renouvelables, sobriété... Les ministres ont fait leur rentrée politique en présentant une feuille de route lisse sur l’écologie. Des paroles, sans actes.
« Nous vivons la fin de l’abondance. » Dans le huis clos du palais de l’Élysée, mercredi 24 août, l’exécutif a inauguré sa rentrée politique dans une ambiance houleuse. Guerre en Ukraine, inflation, réformes des retraites et de l’assurance chômage… Réuni autour du président de la République, le Conseil des ministres a planché sur les nombreux dossiers épineux à l’ordre du jour. Toutefois, les événements climatiques de l’été ont pesé sur les discussions et bouleversé l’agenda politique.
En préambule de la réunion, Emmanuel Macron a parlé de « fin de l’insouciance » : « Ce tableau, cette fin de l’abondance, cette fin de l’insouciance, cette fin des évidences, montre que c’est au fond une grande bascule que nous vivons, face à laquelle nos compatriotes peuvent réagir avec beaucoup d’anxiété ». Des mots qui résonnent comme un aveu de faiblesse face aux incendies dévastateurs, à l’interminable sécheresse, aux canicules à répétition et aux récents orages ayant meurtris la Corse. L’entourage du chef de l’État l’assure : désormais, le temps est venu de la bataille pour le climat.
Quelles mesures concrètes, pour lutter contre le réchauffement climatique, vont-elles être prises ? Une fois le conseil achevé, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s’est fait l’écho d’une nébuleuse de promesses, pour la plupart déjà connues.
« Il n’est pas question de restrictions »
Dans les jours à venir, un « grand séminaire gouvernemental » aura lieu. Il s’agit pour Emmanuel Macron de « structurer les grands chantiers » de la rentrée, parmi lesquels figure la finalisation du plan de sobriété promis au mois de juillet. S’il considère que la question des disparitions des ressources s’inscrit dans la durée, la coupure du robinet de gaz russe fait quant à elle déjà planer la crainte de radiateurs froids cet hiver. « On va présenter un plan pour sécuriser les approvisionnements en énergie », a dit Olivier Véran. Le gouvernement réaffirme par ailleurs sa volonté de faire voter, dès l’automne, un projet de loi d’accélération des énergies renouvelables.
La veille de ces retrouvailles ministérielles, la Première ministre Élisabeth Borne a été reçue à dîner par Emmanuel Macron. La cheffe du gouvernement est chargée de remettre au président un agenda de planification écologique. Décliné par mois et année, il sera également présenté cet automne. « Il n’est pas question de restrictions », assure Olivier Véran.
« L’illusion néolibérale s’effondre »
Pour ceux qui s’attendaient à une prise de position forte, la déception est grande. Lors de son intervention, Emmanuel Macron avait d’ailleurs appelé ses ministres au « sérieux » et à la « crédibilité » : « Ne cédons pas à la démagogie, c’est facile de dire tout et n’importe quoi. » Un message subliminal semble-t-il destiné au ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, qui planchait quelques jours plus tôt sur la régulation des jets privés.
Donc le Président nous dit que c'est la fin de l'abondance et de l'insouciance mais réguler les jets hé ho, faut pas déconner non plus. pic.twitter.com/yPfsbbcyf0
— Sarah Fayolle (@SarahFayolle) August 24, 2022
Sur le réseau social Twitter, la porte-parole de Greenpeace, Sarah Fayolle, s’est moquée du manque de cohérence entre les propos et les actions du président de la République. La députée Europe Écologie-Les Verts (EELV) Sandrine Rousseau a aussi interpellé Emmanuel Macron, déclarant : « Il n’y a jamais tellement eu d’abondance. Il y a eu de l’enrichissement, de la destruction, de l’extraction au-delà des limites de la planète. » Enfin, Mathilde Panot, présidente parlementaire de La France insoumise (LFI), a prôné le virage vers un monde « de liberté, d’égalité et de fraternité » : « L’illusion néolibérale s’effondre. Leur monde ne fait plus rêver. Le capitalisme financiarisé, c’est l’insécurité écologique, le rationnement, les pénuries. »
La rentrée parlementaire, prévue à partir du 3 octobre, s’annonce agitée. D’ici là, lundi 29 août, lors de l’université d’été du Medef, Élisabeth Borne tiendra un discours sur la sobriété et la transition énergétiques. L’occasion d’apporter de nouvelles précisions sur la feuille de route vaporeuse du gouvernement en matière d’écologie.