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ChroniqueAnimaux

Même les insectes qu’on n’aime pas sont nécessaires

La terrible disparition des insectes peut s’observer partout. Et c’est partout, à nos portes, dans les jardins, qu’il faut les laisser vivre.

Allo, François Lassere, je peux vous poser quelques questions sur les insectes ? Que se passe-t-il en Ile-de-France ? A-t-on des chiffres sur la disparition des insectes car l’étude allemande, publié mi-octobre qui conclut que près de 80 % des insectes ont disparu depuis 1989, c’est inquiétant. Cela touche-t-il les insectes qui protègent les cultures au jardin ou bien seulement les ravageurs de cultures ?

— Nous avons une vision froide et naturaliste des insectes, répond-il. On pense qu’il y a les insectes sympathiques et les autres qu’il faut détruire. Pour moi, tous ont la même légitimité à être sur terre. Notre regard sur le monde qui nous entoure doit changer »

Moi qui me trouvais drôlement intentionné à l’égard des bêbêtes en leur offrant le gîte et couvert dans le jardin, je suis sortie de notre conversation aussi déboussolée qu’une abeille qui aurait abusé d’un néonicotinoïde.

Je le reconnais. Mon intérêt pour les insectes est né avec le jardin sans pétrole et reste très sélectif. Il y a les « bons » insectes carnivores qui protègent les plantes potagères des « mauvais » insectes promptes à grignoter les feuillages. Les premiers sont venus s’ajouter aux insectes aimables comme la libellule ou la coccinelle, les seconds ont rejoint les insectes à abattre. Chacun à ses noms en tête.

Les insectes qui couvraient le pare-brise de la 403 de mon grand-père quand nous allions d’Eaubonne à Bougival pour le week-end n’ont pas disparu à cause de l’évolution de la forme des voitures. Des expériences menées par des chercheurs, en plaçant du scotch sur les plaques d’immatriculation, ont confirmé la disparition en quantité des insectes volants, sans distinction d’espèce. Le « plancton aérien » à l’instar du plancton marin joue un rôle essentiel dans la chaine alimentaire et la survie de nombreuses espèces d’animaux.

Veut-on rester tout seuls sur terre ? s’interroge mon interlocuteur. En même temps, de nouvelles espèces d’insectes sont découvertes qui rendent mal compte de la situation. En Ile-de-France par exemple, les nombreux micro-milieux présents abritent 27.000 espèces d’insectes sur les 40.000 recensées en France. Pourtant la menace est bien là, qui vient de notre façon d’occuper le territoire. En remplaçant les prairies par de la pelouse à la faveur de la construction de nouveau lotissement, on supprime de nombreuses espèces de fleurs auxquelles des espèces d’insectes sont inféodées, parmi lesquelles des papillons. En drainant les zones humides, on détruit l’habitat des libellules dont deux espèces d’Ile de France sont menacées d’extinction dont la Leucorrhine à gros thorax.

Doit-on incriminer les insecticides ? Pour ceux qui douteraient du lien entre ces produits chimiques à usage agricole ou domestique et l’hécatombe observée, faut-il rappeler que le suffixe « cide » désigne « qui tue ce que la racine désigne » ?


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