Passe ferroviaire, avion « vert », arbres plantés : les annonces de Macron sur l’écologie

Le président Emmanuel Macron face au youtubeur et journaliste Hugo Décrypte, le 4 septembre 2023. - Capture écran YouTube/HugoDécrypte
Le président Emmanuel Macron face au youtubeur et journaliste Hugo Décrypte, le 4 septembre 2023. - Capture écran YouTube/HugoDécrypte
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Politique ClimatEmmanuel Macron a été interviewé le 4 septembre sur la chaîne Hugo Décrypte. Il s’est dit favorable au « passe rail », veut que les collégiens plantent des arbres, et a maintenu mordicus le mythe de l’avion « vert ».
La date a été choisie avec soin : le jour de la rentrée scolaire. Le 4 septembre, Emmanuel Macron était l’invité du youtubeur et journaliste Hugo Travers, de la chaîne Hugo Décrypte, pour échanger autour de « l’avenir des jeunes ». Parmi les sujets abordés pendant plus d’une heure et demie (de l’uniforme à l’école en passant par la santé mentale des ados), le président de la République a réaffirmé sa volonté de porter la planification écologique.
« C’est un engagement que j’avais pris, la France va se doter d’un plan d’ensemble », a-t-il dit. Ce plan, censé préciser quels seront les objectifs écologiques de chaque secteur (industrie, transport, agriculture, etc.) et les engagements de l’État année par année, est attendu depuis plusieurs mois. Il devait être présenté au début du mois de juillet, avant d’être repoussé à cause des révoltes urbaines qui avaient suivi la mort du jeune Nahel. Depuis, la publication de ce plan a été reportée plusieurs fois. Elle devrait finalement se tenir le 18 septembre selon Le Parisien.
Lors de sa réunion le 30 août avec les chefs des différentes formations politiques — qui a duré douze heures — Emmanuel Macron n’avait pas abordé la question écologique, donnant l’impression de délaisser le sujet. En se rendant dans les studios d’Hugo Décrypte, le chef de l’État a donc voulu remettre ce sujet sur la table.
• Favorable à un passe ferroviaire illimité
« Il n’y a pas une solution unique et miracle, il faut porter l’effort dans tous les domaines [pour lutter contre le changement climatique] », a-t-il avancé. Sur la question des transports, il s’est dit « favorable » à la mise en place d’un dispositif similaire au « passe » ferroviaire allemand, qui donne un accès illimité aux trains de région (hors TGV) pour 49 euros par mois. Cette compétence ne dépend toutefois pas de l’État, mais des régions. Des négociations sont en cours avec celles-ci.
En outre, Emmanuel Macron a annoncé la présentation « dans quelques semaines » d’une carte des projets de « RER métropolitains » retenus par le gouvernement.
• Le mythe de l’avion « vert »
Interrogé sur la nécessité de réduire le trafic aérien — nécessité reconnue par tous les rapports scientifiques, ceux du Giec [1] comme ceux du Haut Conseil pour le climat, l’instance créée par Emmanuel Macron lui-même — Emmanuel Macron a préféré vanter le mythe de l’avion « décarboné », tout en relativisant le problème : « La France, c’est 1 % des émissions mondiales »
« Nous, en France, on produit beaucoup d’avions. Moi je serais un drôle de président à vous dire [qu’il faut réduire l’utilisation de l’avion] alors que nous sommes un des champions de l’aéronautique, que nous produisons une bonne partie de la flotte internationale, et qu’on a des emplois partout en France », a-t-il avancé.
Hugo Travers d’insister : « Est-ce que réellement, pour des raisons économiques, on doit continuer à encourager une industrie qui de fait pollue infiniment plus que d’autres modes de transports ? » « Oui, il faut la décarboner », a tranché Emmanuel Macron, mettant en avant la recherche sur l’allègement du poids des avions, le changement des moteurs et des carburants. Des investissements qui, comme le journaliste l’a rappelé, ne seront pourtant pas effectifs avant 2030 au minimum.
Par ailleurs, le jour même, la Première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal avaient pris l’avion depuis Paris pour se rendre à Rennes — un trajet qui ne dure en moyenne qu’1 h 30 en train.
• Planter des arbres au collège
Autre annonce du chef de l’État : à compter de cette année, chaque élève qui rentre en sixième devra planter un arbre. « On n’arrivera pas à le faire pour l’intégralité des sixièmes, mais si on a chaque génération qui plante son arbre, ils vont nous aider à aller vers notre milliard de reboisement », a affirmé Emmanuel Macron.
Il avait promis en octobre 2022 la plantation d’un milliard d’arbres sur le territoire français d’ici 2032, notamment pour compenser les feux de forêt. Un engagement qui avait laissé sceptiques les associations de protection de la forêt. « L’effet d’annonce est très fort, mais en forêt, il n’y a pas besoin de planter d’arbres, déclarait à Reporterre Bruno Doucet, de l’association Canopée. Les forêts étaient là avant les humains et se renouvellent naturellement. Vouloir aider les forêts en plantant un milliard d’arbres, ça montre qu’on ne comprend pas comment elles fonctionnent. »
En effet, les plantations d’arbres — des « champs rectilignes, tracés au cordeau où la biodiversité est très limitée » selon l’expression du botaniste Francis Hallé dans une tribune au Monde — sont particulièrement vulnérables aux maladies. En cas de violentes tempêtes, elles sont plus fragiles que les forêts diversifiées.
Le gouvernement soutient par ailleurs l’abattage de centaines d’arbres adultes le long du projet d’autoroute Toulouse-Castres, lui-même contraire à toute logique de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
• Plus de 44 000 écoles rénovées d’ici dix ans
Emmanuel Macron a enfin promis un « coup d’accélérateur sur la rénovation thermique des bâtiments », grâce à de « nouveaux instruments », qui seront dévoilés lors de publication de la planification écologique. Le chef de l’État a en outre visité le 5 septembre une école des Pyrénées-Atlantiques pour évoquer le chantier de la rénovation thermique des écoles. Il a promis de rénover au moins 40 000 écoles d’ici dix ans.
En juin, lors de son rapport annuel, le Haut Conseil pour le climat estimait que « l’action publique n’est pas suffisante pour garantir les objectifs de 2030 ».