Hôtel de luxe, téléphérique... Cet automne, la montagne se rebelle

Sur la zad sur le glacier de la Girose, une tractopelle avait été symboliquement recouverte de pierres. - © Vincent Lucchese / Reporterre
Sur la zad sur le glacier de la Girose, une tractopelle avait été symboliquement recouverte de pierres. - © Vincent Lucchese / Reporterre
Durée de lecture : 6 minutes
Zad sur un glacier, complexe hôtelier de luxe, A69... Chaque mois, Reporterre met en avant les temps forts des luttes et leurs prochaines mobilisations.
• Reporterre publie une carte des luttes locales en France, et l’actualise régulièrement. Voici les plus marquantes du début de l’automne.
Les luttes des glaces
- La zad du glacier de la Girose
C’était la plus haute zad d’Europe. Le 7 octobre dernier, Les Soulèvements de la Terre avaient lancé l’occupation d’un chantier de téléphérique sur le glacier de la Girose, dans les Écrins, à 3 400 mètres d’altitude. Après une semaine d’occupation, les militants sont redescendus, l’entreprise ayant stoppé le chantier pour l’hiver. Ils ont promis de revenir dès son redémarrage au printemps 2024.

- Retenue collinaire du Lac de Peychier
Pas très loin du glacier de la Girose, la station de Montgenèvre, à la frontière italienne, a décidé d’agrandir sa retenue collinaire du Lac du Peychier. Celle-ci sert notamment à fabriquer de la neige de culture en hiver. L’arrêté préfectoral qui réglemente son remplissage n’a pourtant pas été adapté, comme le signale l’association Mountain Wilderness. Mais faute de pouvoir pomper plus d’eau dans les nappes, comment va-t-elle se remplir ?
- Télésiège du Rocher de l’Aigle
Mountain Wilderness s’indigne également contre le chantier du télésiège du Rocher de l’Aigle. L’infrastructure de 4 places doit être remplacée par une télécabine 10 places. « Cette modernisation qui ne semble pas principalement liée à de la vétusté des appareils existants, vise l’augmentation de la fréquentation. Comment la station compte-t-elle [la] gérer ? » s’interroge l’association dans un communiqué. D’autant que l’enquête publique portait sur un télésiège de 6 et non de 10 places. Selon Le Dauphiné libéré, l’absence de consultation du public, un « vice de procédure », entache les travaux au Rocher de l’Aigle. Une formalité administrative « régularisable a posteriori » selon la préfecture des Hautes-Alpes.
- Complexe hôtelier de luxe à Monêtier-les-Bains
Restons dans les Alpes du sud, plus précisément dans la station thermale de Monêtier-les-Bains, proche de Briançon. Des habitants s’opposent à la construction d’un complexe hôtelier de luxe au lieu-dit du Gros Moutas. Avec 880 nouveaux lits, le hameau va plus que doubler sa capacité d’accueil. Le collectif Monêtier Notre Village demande à ce que le projet soit repensé car les structures hôtelières déjà existantes sont loin d’être remplies toute l’année. Ses membres dénoncent un projet basé sur la politique du tout ski, ne tenant pas compte du changement climatique. Et qui pourrait faire encore augmenter les prix des logements.
- Ascenseur dans la vallée de l’Arve
Plus au nord des Alpes, à proximité de Chamonix, la commune de Saint-Gervais veut construire un ascenseur valléen pour relier la gare SNCF, située dans la partie basse du village, à la partie haute. Pour les opposants, l’objectif de ce téléphérique est clair : « Que les touristes puissent directement sauter du train dans un télécabine et sauter ensuite dans l’autre télécabine qui monte dans la station de ski. »
D’autant qu’il existe une alternative, comme le souligne la mission régionale d’Autorité environnementale : le tramway du Mont-Blanc fait déjà le même trajet.
- Candidature des Alpes du Sud aux Jeux olympiques d’hiver en 2030
Les Jeux olympiques de Paris n’ont pas encore commencé qu’un autre dossier sportif inquiète les associations environnementales. Il s’agit de la candidature des Alpes du Sud aux JO d’hiver en 2030. L’un de leurs premiers combats concerne la fusion des domaines skiables de Pra Loup et de La Foux d’Allos. Ce futur domaine skiable est l’une des pièces maîtresses du dossier de candidature de la région. Les associations, notamment le collectif Ubaye — Haut Verdon dénoncent un projet hors-sol qui ne tient pas compte du changement climatique, de l’enneigement incertain et des conséquences sur la ressource en eau dues au besoin en neige artificielle.
La lutte du mois
C’est bien entendu la mobilisation contre l’autoroute A69. Après une grève de la faim et de la soif menée par plusieurs opposantes et opposants, une manifestation qui a réuni des milliers de personnes, le chantier se poursuit envers et contre tout. « Je suis soufflé par le climatocynisme, les discours toujours plus verts qui s’effondrent quand vient le temps de la décision et de l’arbitrage », a déclaré amèrement le climatologue Christophe Cassou sur X (anciennement Twitter).
Images dramatiques des événements #A69 déclenchés alors que les chercheur-es @atecopol présentaient les faits scientifiques devant un public de 300+ personnes.
Immense respect pour ce monsieur avec qui j'ai eu le privilège d'échanger il y a un mois env.!
Ce soir, je suis...
Un🧵 pic.twitter.com/T06oRUcH2F— Christophe Cassou (@cassouman40) October 22, 2023
Plusieurs collectifs s’opposent par ailleurs à la construction de deux centrales d’enrobage à chaud, où l’on fabriquera le revêtement de l’A69. Les paysans, voisins de ces futures usines situées à Villeneuve-lès-Lavaur et Puylaurens, dans le Tarn, redoutent des retombées toxiques qui pourraient polluer leurs légumes. « Personne ne veut de goudron dans son assiette », lâche une maraîchère bio, qui envisage de quitter son exploitation.
Les prochains combats contre les projets routiers
- En Haute-Loire, les opposants à la déviation RN88 ne baissent pas les bras. Même si les travaux ont commencé, les militants veillent scrupuleusement au respect des normes environnementales qui encadrent le chantier. Et n’hésitent pas à faire appel à des bergers pour stopper les travaux.
- Dans le Val-d’Oise, au nord de Paris, la lutte contre le boulevard intercommunal du Parisis prend de l’ampleur. Ce projet routier à un milliard d’euros détruirait des îlots de nature tout en aggravant la pollution de l’air.
- Toujours en Île-de-France, les opposants au pont d’Achère, dans les Yvelines, organisent une manifestation le 12 novembre. Ils dénoncent la construction d’un pont au-dessus de la Seine pour relier les routes départementales RD190 et RD30. Une liaison qui s’inscrit dans un projet de 2x2 voies qui permettra de faire le lien entre l’A13 et l’A15. Officiellement, il s’agit d’améliorer les conditions de desserte et d’accessibilité du territoire. Les opposants assurent que sa création va générer un trafic supplémentaire.

- Enfin, la Déroute des routes, la coalition de lutte contre les projets routiers en France, va organiser une mobilisation contre la déviation de Saint-Péray le 25 novembre, en Ardèche. Ce projet à neuf millions d’euros a été lancé officiellement pour limiter les embouteillages. Mais les collectifs dénoncent le grignotage de terres fertiles ainsi que la pollution à cause de l’augmentation du trafic routier.