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ÉditoLuttes

« Nous sommes Les Soulèvements de la Terre »

Les Soulèvements de la Terre sont un collectif réunissant des centaines de personnes, et des organisations aussi essentielles que la Confédération paysanne, les Amis de la Terre ou Attac.

Reporterre, Blast, Socialter et Terrestres organisent une soirée de soutien aux Soulèvements de la Terre le 12 avril à Paris. Le collectif est menacé de dissolution : une nouvelle attaque du gouvernement contre les écologistes.

Dans un pays normal, les journalistes poseraient cette question au ministre de l’Intérieur : « M. le ministre, que pensez-vous du réchauffement climatique ? » Et le ministre répondrait : « Des scientifiques m’ont expliqué le problème : du fait des émissions de gaz à effet de serre, l’atmosphère se réchauffe rapidement, davantage que depuis très longtemps dans l’histoire. Et si on poursuit les émissions, la vie va devenir insupportable. C’est pourquoi il faut les réduire, et préparer notre pays à une situation très différente. » « Concrètement, que faut-il faire ? », relancerait le journaliste. « Il nous faut stopper l’expansion du transport routier et arrêter de construire des autoroutes, par exemple. Dans le domaine de l’eau, il faut rendre plus sobre notre agriculture.
- Mais alors, vous êtes d’accord avec le mouvement écologiste ?
- Je suis le garant de la paix civile. Si nous laissons se développer le réchauffement climatique et continuons dans le système actuel, nous allons au-devant de grands désordres. »

Mais notre pays n’est pas normal. On y construit toujours des autoroutes, on agrandit des aéroports, on autorise les jets privés sans restriction, on repousse l’idée de repas végétariens dans les cantines, on organise d’énormes réserves d’eau pour quelques grands producteurs de maïs, on agrandit des stations de ski, on autorise des pesticides dangereux… Les écologistes sont accusés par le pouvoir de « terrorisme intellectuel ».

On ne sait pas si M. Darmanin saurait donner une définition du changement climatique, mais on sait qu’il tolère des pratiques policières plus proches de la Russie de Poutine que du pays qui a écrit dans sa Déclaration des droits de l’Homme : « La force publique est instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée ».

La police emploie des armes de guerre contre ses citoyens

En France, la police emploie des armes de guerre contre ses citoyens, blesse ceux-ci et les meurtrit. On a même vu un policier pointer un lanceur de balles de défense sur des adolescents. Des gens s’attaquent à des écologistes — un agriculteur opposé aux pesticides est assailli, une journaliste voit la roue de sa voiture déboulonnée, le site de l’Office de la biodiversité est dévasté sans un mot de soutien des autorités, la maison d’un maire ciblé par l’extrême droite est incendiée sans plus de réconfort de l’État. L’image qui résume l’esprit de ce gouvernement indigne, c’est un ministre qui fait un bras d’honneur à la représentation nationale.

Les mêmes qui piétinent les libertés publiques soutiennent, par tous les moyens de l’appareil d’État la poursuite de projets que, naguère, on appelait « inutiles et imposés ». La lutte contre ces grands projets, que Reporterre décrit depuis 2012 a commencé bien avant Les Soulèvements de la Terre. Lors du lancement par Reporterre de la carte des luttes, en novembre 2019, nous en recensions 200 à travers la France. Ce n’est qu’en mars 2021 qu’est né le collectif des Soulèvements de la Terre, par une tribune dans Reporterre, prenant appui sur un mouvement déjà ancien, de plus en plus puissant, et s’élargissant à la mesure de la prise de conscience dans ce pays des ravages que produit le capitalisme. S’attaquer aux Soulèvements de la Terre, c’est vouloir endiguer un flot puissant et inextinguible : le flot de la conscience commune, des générations, de la colère, du bon sens.

« Nous sommes la nature qui se défend »

C’est pourquoi nous n’avons pas barguigné, quand le gouvernement a annoncé son intention de dissoudre un collectif réunissant des centaines de personnes, et des organisations aussi essentielles que la Confédération paysanne, les Amis de la Terre ou Attac. Reporterre a proposé de lancer une grande soirée de débat et de soutien, et nos amis des médias libres Blast, Socialter et Terrestres nous ont rejoints immédiatement. Ensemble, nous avons organisé cette grande soirée du mercredi 12 avril, que l’on pourra aussi suivre en vidéo sur Reporterre. Elle s’annonce magnifique, chaleureuse, combative, amicale. Elle exprimera le mouvement qui monte dans ce pays et qui dit : nous en avons assez du mépris pour les gens et pour la nature, nous prenons le changement climatique au sérieux, nous voulons un avenir digne et pacifique, nous sommes la nature qui se défend, nous sommes Les Soulèvements de la Terre.

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