Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Présidentielle

Ce qu’on peut retenir de cette campagne présidentielle

Les douze candidats à la présidentielle, dont le premier tour est le 10 avril 2022.

À deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, Reporterre revient sur une campagne marquée par la désunion des gauches, la montée de l’extrême droite, l’absence de débat et des thématiques écologiques.

Dimanche 10 avril, les 47 millions de Françaises et Français inscrits sur les listes électorales sont appelés aux urnes. Le point final d’une campagne de plus d’un an, où l’écologie est passée à la trappe, malgré l’urgence. Alors, à deux jours du vote, voici notre boîte à outils, pour réfléchir, débattre et prendre du recul.

1. Poussée de l’extrême droite, désunion des gauches, dérobade de Macron... le résumé de la campagne

Après cinq années désastreuses pour l’écologie, la justice sociale et les libertés publiques, avec des citoyennes et citoyens lassés par des mois de Covid-19, la campagne présidentielle a débuté au printemps 2021, sans grande pompe.

Dans la foulée des élections municipales et régionales, où les partis de gauche et écologistes étaient péniblement parvenus à des accords, la question de l’union des forces progressistes s’est posée. Une idée rapidement écartée par La France insoumise unie autour de Jean-Luc Mélenchon, puis par les Verts, engagés dans un scrutin interne. Même la Primaire populaire, lancée par des militants enthousiastes pour « dépasser les partis », a fait long feu. Après d’âpres négociations, un vote ayant séduit plus de 300 000 personnes et abouti à l’éphémère candidature de Christiane Taubira, une majorité de l’organisation a finalement rejoint l’Union populaire de M. Mélenchon.

De l’autre côté du spectre politique, l’extrême droite n’a pas davantage réussi son union. Malgré tout, et en dépit d’un déni écologique manifeste, les mouvements réactionnaires de Marine Le Pen et Éric Zemmour ont poursuivi leur percée, déversant dans les médias mainstream leur ritournelle xénophobe. Insécurité et immigration ont ainsi dominé les échanges, tandis que l’écologie peinait à s’imposer comme un sujet de premier plan. En mars, elle représentait moins de 3 % du temps médiatique des prétendants à l’Élysée. Sorti cinq jours avant le premier tour, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), enjoignant aux dirigeants une action rapide et ambitieuse pour le climat, a eu très peu d’écho.

© Sanaga/Reporterre

Amoindri, le débat écologique s’est résumé à deux thématiques : la chasse, mais surtout le nucléaire. Le président-candidat Emmanuel Macron ayant fait de la relance de l’atome l’axe central de sa politique environnementale, ses compétiteurs ont dû se positionner pour ou contre la construction de nouveaux EPR. Et même au sein des gauches écologistes, des pronucléaires ont peu à peu percé. Un « naufrage » de la classe dirigeante, écrivait ainsi Reporterre.

Mais malgré l’importance de la question atomique, il n’a pas été possible, au cours de la campagne, de la voir débattue par l’ensemble des candidats. Et pour cause, le président sortant a esquivé jusqu’au bout les interviews et les échanges. La communication macroniste, maîtrisée jusqu’à la quasi-censure, n’a pas permis aux journalistes de questionner le bilan — notamment environnemental — du chef de l’État.

Et nous voilà, à la veille d’un scrutin essentiel pour la vie de la nation, au bout d’une campagne peu enthousiasmante — l’abstention pourrait d’ailleurs battre de nouveaux records ce dimanche. L’élan autour de Jean-Luc Mélenchon, candidat ayant placé l’écologie au cœur de son projet, suffira-t-il à briser l’apathie et à déjouer les pronostics ? Réponse dimanche soir, lors de l’alter-soirée électorale organisée par Reporterre.

2. Que disent les candidats de l’écologie ?

Énergie, biodiversité, agriculture, transports, migrations, droits des femmes... La rédaction a passé en revue les différentes propositions des candidates et candidats, identifié trois mesures phares par thématique, et analysé leur programme. Avec un focus sur les politiques énergétiques.

Nous avons également fouillé plus précisément le projet de Yannick Jadot, les 600 propositions de Jean-Luc Mélenchon et la vision d’une « écologie de droite » portée par Valérie Pécresse.

© Red !/Reporterre

Quant au président-candidat, outre une présentation de son programme — décevant pour l’écologie — nous avons scruté son mandat passé. Dès 2021, nous publiions une grande infographie épinglant près de 90 mesures négatives pour l’environnement. Plus récemment, nous nous sommes penchés sur son bilan, médiocre, pour la préservation du vivant, puis sur ses mesures, largement insuffisantes, pour la transition agricole.

3. Notre campagne, en trois séries

Abolir la police, rationner l’énergie, passer à la semaine de quatre jours... Avec notre série « L’autre programme », nous avons exploré, par des reportages et des enquêtes, six mesures de rupture écologique et sociale.

Sous la présidence d’Emmanuel Macron, de nombreuses résistances ont émergé contre des mesures et des projets antiécologistes. À la fin de son mandat, où en sont ces combats emblématiques contre le bétonnage, le nucléaire, le consumérisme ou les inégalités ? Quel bilan du quinquennat dressent les activistes ? Qu’attendent-ils des échéances électorales à venir ? À l’approche de l’élection présidentielle, Reporterre est allé rencontrer celles et ceux qui résistent, dans notre « Tour des luttes ».

Et parce qu’à Reporterre, on aime depuis longtemps le dessin de presse, nous avons donné — presque — carte blanche à une dessinatrice et quatre dessinateurs, pour suivre la campagne présidentielle. L’humour, comme souvent, permet le pas de côté qui aide à mieux vivre le spectacle du monde. Retrouvez tous les dessins ici.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront des avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende