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Retour sur 2021 : dérèglement climatique et dérive autoritaire

Inondations en Belgique, le 15 juillet 2021.

Tournant autoritaire de la politique française, incendies intenses, vagues de chaleur, inondations en Europe, division de la gauche… Reporterre revient sur tous les événements marquants de cette année 2021.

Que retenir de 2021 ? Une année marquée (encore) par le Covid-19 et par le tournant autoritaire des politiques sanitaires, une année (de plus) sous le signe du dérèglement climatique — mégafeux, inondations, canicules —, mais aussi une année jalonnée de victoires pour les écolos, devant les tribunaux ou sur le terrain. Reporterre rembobine les douze derniers mois.



Janvier : alerte aux visons !

Vison. Flickr/CC BY-NC-SA 2.0/Nettverk for dyrs frihet

Et si la pandémie était née dans des élevages intensifs d’animaux à fourrure en Chine ? Un an après le début de la crise du Covid-19, Reporterre a documenté une hypothèse jusqu’ici peu explorée : le « chaînon manquant » entre la chauve-souris et l’humain pourrait bien être le vison. Ou plutôt les élevages intensifs de visons. La Chine est en effet à la fois le premier marché et le premier producteur de fourrure mondiaux, et la colossale branche chinoise de cette industrie pèse plus de 20 milliards de dollars annuels, avec plus de 50 millions de têtes. Pas étonnant donc que l’Empire du Milieu verrouille l’information à ce sujet. Un mois plus tard, en février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle aussi lancé l’alerte : les élevages de visons en Europe représentent un « risque élevé » de propagation du Covid-19. En quelques mois, c’est toute l’industrie de la fourrure qui s’est trouvée bousculée. Au-delà des visons, l’émergence de maladies infectieuses est largement favorisée par l’élevage intensif. D’où une mobilisation citoyenne croissante en faveur d’une sortie de l’agriculture industrielle.

Et aussi, ce mois-ci...

  • La touche écoblanchiment : Emmanuel Macron à lancé en fanfare son One Planet Summit : du « bla bla », selon Greta Thunberg.
  • La lutte du mois : dans les quartiers nord de Marseille, des salariés et leurs soutiens ont réquisitionné un McDonald’s : L’Après M est devenu une fourmilière de projets solidaires. Après des mois de lutte par les habitants, la mairie phocéenne s’est portée acquéreuse. Une victoire pour les militantes et militants.


Février : une Zad aux portes de Paris

Devant les travaux de la future gare en plein champ à Gonesse, le 6 juin 2021. © NnoMan Cadoret/Reporterre

C’est la première Zad jamais lancée en Île-de-France. Début février, une centaine de personnes ont lancé l’occupation du Triangle de Gonesse. Leur but : protéger du bétonnage les dernières terres fertiles du nord de Paris en empêchant l’installation d’une gare de la ligne 17. C’est une nouvelle étape dans un combat contre l’urbanisation qui dure depuis près de dix ans. Les occupants ont été expulsés quelques semaines plus tard. Malgré une mobilisation toujours vivace, le chantier s’est poursuivi, avec le soutien du gouvernement.

Et aussi, ce mois-ci...

  • La lutte du mois : la mobilisation contre Amazon s’est généralisée. Ils étaient des milliers à manifester début février contre la multinationale, qui étend ses entrepôts et sa mainmise sur notre économie. Les actions ont rassemblé autant des Gilets jaunes et des associations écologistes que des syndicats et des petits commerçants. Et la lutte a payé : plusieurs projets, près de Nantes et du pont du Gard, ont été abandonnés.
  • La bonne nouvelle : le Conseil d’État a interdit l’usage d’huile de palme dans les biocarburants. C’est un coup dur pour Total qui portait depuis plusieurs années un projet de « bioraffinerie » à La Mède, dans les Bouches-du-Rhône.
  • Le chiffre du mois : 385 millions. C’est le nombre de cas d’empoisonnements graves aux pesticides dans le monde, chaque année. Un chiffre en hausse. En cause : une consommation massive, la vente de produits pourtant catalogués comme dangereux et l’échec des politiques de réduction.
  • Notre enquête : écologique, l’hydrogène ? Les plans de relance gouvernemental et européen font la part belle à l’hydrogène, qui serait l’énergie « verte » de l’avenir. Pourtant, la production de ce gaz pose de nombreux défis environnementaux et climatiques.


Mars : une loi Climat pour rien ?

10 % des propositions de la Convention pour le climat ont été reprises par le gouvernement. © Marion Susini/Reporterre

La discussion parlementaire sur la loi Climat et Résilience a commencé à l’Assemblée nationale. Ce texte, censé reprendre les idées ambitieuses de la Convention citoyenne pour le climat, s’est en fait révélé très décevant. La plupart des propositions ont été affadies, oubliées, remises à plus tard, vidées de leur force par de multiples dérogations. Sur les 149 propositions des citoyens, seules 15 ont été retranscrites sans filtre, analysait une infographie de Reporterre. Soit à peine 10 %. Pour tenter de rehausser l’ambition du texte, les députés de gauche et écologistes ont déposé des milliers d’amendements... rejetés par la majorité macroniste. Au cours de l’été, les sénateurs ont poursuivi le travail de sape. À l’arrivée, c’est une loi « au rabais » qui a été adoptée. Malgré quelques avancées — sur les zones à faible émission, les menus végétariens hebdomadaires, mais aussi la rénovation des logements et l’encadrement de la publicité — les dispositions votées ne permettront pas de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet serre d’ici 2030 — l’objectif que s’était fixé la France avec les autres pays européens il y a seulement quelques mois.

Et aussi, ce mois-ci...

  • La touche écoblanchiment : le milliardaire Elon Musk veut vendre une connexion haut débit à internet, partout sur le globe, par une constellation de satellites. Problème, ce projet, baptisé Starlink, va générer une pollution considérable de l’espace et de la Terre.
  • L’anniversaire du mois : dix ans après l’accident nucléaire de Fukushima, la contamination radioactive est toujours forte autour de l’ancienne centrale, et plusieurs villes demeurent inhabitables. Dans la zone, plus de 200 cancers de la thyroïde ont été suspectés ou confirmés. Plusieurs auteurs estiment que Fukushima nous a fait entrer dans l’ère du « capitalisme apocalyptique ».
  • La lutte du mois : non loin de Nantes, la Zad du Carnet, qui défendait depuis des mois des espaces naturels voués à être bétonnés, a été expulsée fin mars. Le projet de « parc dédié aux énergies marines renouvelables » n’a cependant pas vu le jour et la lutte s’est poursuivie sous d’autres formes.
  • Notre enquête : un intense et discret lobbying est mené auprès des institutions européennes pour déréglementer les « nouveaux OGM ». La Fondation Bill et Melinda Gates a versé 1,3 million d’euros pour exercer des pressions sur la Commission européenne. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, est au premier rang du lobbying pro-OGM.


Avril : des jardins contre la réintoxication du monde

Démolition par un tractopelle des jardins à défendre d’Aubervilliers, le 2 septembre 2021. © NnoMan Cadoret/Reporterre

Samedi 17 avril, des milliers de personnes se sont mobilisées, partout en France, en réponse à l’appel du collectif Agir contre la réintoxication du monde. Objectif : protester contre des projets destructeurs. À Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), un millier de personnes ont défendu des jardins ouvriers, menacés par la bétonisation des Jeux olympiques 2024. Par la suite, ces « jardins à défendre » ont été occupés, cultivés, réappropriés. Les activistes ont finalement été expulsés, début septembre, malgré une décision de justice suspendant le chantier. Tout au long de l’année, de nombreux jardins ouvriers ou familiaux se sont retrouvés au cœur des luttes, mis en danger par l’urbanisation, comme à Dijon ou en banlieue parisienne.

Et aussi, ce mois-ci...

  • L’autre actu à retenir : les députés ont définitivement adopté la loi Sécurité globale malgré de nombreuses dispositions « susceptibles de porter atteinte à des droits fondamentaux ». Le texte vise à renforcer les capacités de surveillance de la population par les forces de l’ordre, tout en diminuant la possibilité d’exercer sur elles un contrôle citoyen. Saisi, le Conseil constitutionnel a censuré une partie de la loi, notamment le très critiqué article 24, qui visait à pénaliser la diffusion d’images des forces de l’ordre en opération.
  • La lutte du mois : des citoyens — dont beaucoup d’intermittents — ont occupé plus d’une centaine de théâtres un peu partout en France. À Paris, le théâtre de l’Odéon est devenu le cœur battant de la mobilisation. Au-delà de la réouverture des lieux culturels et de la prolongation de l’année blanche pour les intermittents du spectacle, la lutte contre la réforme de l’assurance chômage fédère les occupants.
  • La bonne nouvelle : l’usine de la Chapelle-Darblay, dernière papeterie française à produire du papier 100 % recyclé, était menacée de fermeture. Après une journée d’occupation devant le ministère de l’Économie, activistes écolos et syndicats ont obtenu un engagement du gouvernement à maintenir les activités. Las, quelques semaines plus tard, les salariés apprenaient que leur papeterie pourrait disparaître au profit d’une unité de production d’hydrogène. Mais la bataille n’est pas achevée.
  • Notre enquête : les gens du voyage sont victimes de racisme environnemental. Leurs aires d’accueil sont un enfer sonore et sanitaire.


Mai : déjà la fournaise

Pixabay/CC/_Zan_

La Sibérie a connu ses premiers incendies de l’année, attisés par un temps sec, chaud et venteux. Les mégafeux se sont ensuite poursuivis tout l’été, détruisant des villages, décimant des forêts et provoquant une pollution inédite. Au total, 18,2 millions d’hectares ont été ravagés dans tout le pays. 2021 a ainsi été la pire année en termes d’incendies pour les forêts russes. Ailleurs dans le monde, sécheresse et canicule ont été précoces et intenses, notamment dans l’ouest américain. Au Canada, 1 milliard de mollusques ont même été « cuits » par la vague de chaleur. La cause, encore et toujours, aux activités humaines qui créent le dérèglement climatique : il faut s’attendre à des vagues de chaleur « hors du commun » partout dans le monde, ont ainsi alerté les scientifiques.

Et aussi, ce mois-ci...

  • La lutte du mois : plus de 500 personnes se sont mobilisées contre le projet de route qui viendrait saccager des terres agricoles de la Haute-Loire. Une rocade écocide et inutile, largement soutenue par M. Wauquiez, président de la région et notable local.
  • La touche écoblanchiment : c’était une promesse phare d’Emmanuel Macron : un référendum pour faire entrer la préservation de la biodiversité et du climat dans la Constitution. Las, cette réforme s’est éteinte à petit feu, avant d’être définitivement abandonnée.
  • Le chiffre du mois : 45 %, c’est la réduction possible des émissions de méthane. Par des mesures ciblées sur les secteurs fossiles, agricoles et des déchets, il serait ainsi faisable de baisser nos émissions de ce gaz au pouvoir de réchauffement de 25 à 30 fois plus important que le CO2.
  • La bonne nouvelle : une nouvelle étude d’ampleur le confirme, manger bio est meilleur pour la santé. Et par ailleurs — deuxième bonne nouvelle — l’Europe pourra nourrir sa population par l’agriculture biologique et locale en 2050.
  • L’anniversaire : il y a 150 ans s’achevait le dernier jour de la Commune de Paris, qui fut la matrice d’une écologie révolutionnaire.
  • Nos enquêtes : en mai, nous n’avons pas lésiné sur l’investigation. D’abord sur Total, cette compagnie qui émet autant de CO2 que la France. Ensuite sur Jean-Marc Jancovici, ce défenseur du nucléaire qui pense que la crise écologique « se résoudra par la contrainte ».


Juin : les gauches écologistes échouent aux régionales

Panneaux électoraux dans le 20e arrondissement parisien. © Alexandre-Reza Kokabi/Reporterre

Les 20 et 27 juin se tenaient les élections régionales. Les dix-huit collectivités françaises disposent de nombreux leviers, des transports à la biodiversité, pour mettre en œuvre une transition écologique. Marquée par la crise sanitaire et la division de la gauche, la campagne électorale n’a cependant pas permis de mobiliser les électrices et électeurs. À l’arrivée, les deux tours de scrutin ont été dominés par des taux d’abstention record. Ils ont aussi consacré la victoire des présidents sortants, au détriment d’En Marche, qui s’effondre, du Rassemblement national, en fort recul, mais aussi des écologistes, qui n’emportent pas de région. Un signe de l’échec de cet échelon administratif, trop loin des gens et des réalités des terrains ? Certains penseurs prônent de nouveaux espaces politiques, plus ancrés et plus habités, découpés « non par la législature mais par la nature » : les biorégions.

Et aussi, ce mois-ci...

  • L’autre actu à retenir : les 1er, 2 et 3 juin se tenait à Bar-le-Duc le procès de sept militants qui luttent contre le projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs. Ils sont soupçonnés d’association de malfaiteurs. Mais au terme d’une impressionnante enquête judiciaire de quatre ans, on ne leur reprochait que l’organisation d’une manifestation non déclarée. Pour les militants, ce procès a été l’occasion de dénoncer l’État nucléaire, répressif et autoritaire. Trois mois plus tard, ils ont finalement été relaxés de l’accusation d’association de malfaiteurs, mais condamnés pour leur participation à une manifestation non déclarée.
  • Le chiffre du mois : 99,7 % des quelque 7 000 participants à la grande enquête sur le glyphosate présentent des traces de cet herbicide dans leurs urines.
  • La bonne nouvelle : lancé trois mois plus tôt, l’absurde projet d’aéroport international d’Andorre a été abandonné par la principauté.
  • La touche écoblanchiment : le premier vol long-courrier avec de l’huile de friture usagée a décollé en France, à grand renfort de com’ gouvernementale. Las, manger plus de frites ne réduira pas la pollution des avions.
  • L’anniversaire : à bout de souffle, la centrale nucléaire de Tricastin a fêté ses 40 ans.
  • La lutte du mois : au sud de Paris, sur le plateau de Saclay, des militants ont dressé un camp, baptisé Zaclay, afin de protester contre la construction de la ligne 18 du métro du Grand Paris Express, qui va bétonner des terres agricoles.


Juillet : l’Europe sous le choc du changement climatique

À Bad Münstereifel après les inondations en Allemagne, en juillet 2021. © Thomas Krumbein

Des pluies torrentielles se sont abattues sur l’Allemagne, la Belgique mais également les Pays-Bas, le Luxembourg et l’est de la France. Des inondations meurtrières — des dizaines de personnes ont disparu, emportées par les crues ou les glissements de terrain — accentuées, une fois encore, par le changement climatique. En Allemagne, les maisons, les réseaux et les routes ont été très endommagés. En Belgique, les maraîchers ont perdu toutes leurs récoltes. Un constat s’impose, après ces événements dramatiques : l’Europe n’est pas prête à faire face au dérèglement du climat.

Et aussi, ce mois-ci...

  • L’autre actu à retenir : Emmanuel Macron a instauré le passe sanitaire, obtenu après la vaccination anti-Covid, comme nouveau sésame pour avoir accès à une vie sociale et culturelle. Ce dispositif a soulevé de nombreuses questions et critiques, tant sur son caractère inégalitaire que liberticide et antidémocratique. Des milliers de personnes se sont ainsi mobilisées contre cette mesure infantilisante.
  • La bonne nouvelle : après des années de lutte, l’interdiction de la pêche électrique en Europe est entrée en vigueur le 1er juillet 2021.
  • La lutte du mois : la mobilisation des écolos a payé : le port de plaisance de Brétignolles, en Vendée, a été abandonné.
  • Le chiffre du mois : 1,5 gigawatt (GW), soit la puissance d’un réacteur nucléaire, c’est la puissance que produiraient les deux parcs éoliens que le gouvernement porte en mer Méditerranée. Ailleurs en France, comme à Saint-Brieuc en Bretagne, les projets d’éolien flottant se multiplient, non sans poser des questions sur leurs effets pour la biodiversité.
  • Notre enquête : il y a les déchets nucléaires très radioactifs, que l’État veut enfouir à Bure. Et il y a ceux, très nombreux, plus faiblement radioactifs, mais quand même très dangereux. Et ceux-là non plus, on ne sait plus qu’en faire.


Août : l’État en procès

Pollution de l’air à Paris, en 2016. Flickr/CC BY 2.0/Jeanne Menjoulet

La France a été condamnée par le Conseil d’État à payer une amende de 10 millions d’euros, pour n’avoir pas réussi à abaisser les niveaux de pollution sous les normes sanitaires. Une décision inédite, justifiée par « la gravité des conséquences en termes de santé publique » et « l’urgence qui en découle ». La pollution de l’air serait à l’origine de 48 000 à 100 000 décès prématurés par an en France. Outre cette décision, la justice a plusieurs fois sanctionné la France pour son inaction écologique. En février, la France a été condamnée par le tribunal pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement climatique. Fortes de ces victoires, des organisations ont d’ailleurs décidé de poursuivre la bataille judiciaire pour pousser le gouvernement à agir, entre autres pour la préservation du vivant.

Et aussi, ce mois-ci...

  • L’autre actu à retenir : la loi dite Séparatisme est entrée en vigueur fin août. Censé mettre en actes la stratégie du chef de l’État contre l’islam radical, ce texte porte atteinte à plusieurs libertés fondamentales : d’information, d’association, d’enseignement.
  • Le chiffre du mois : 5,6 fois en dix ans, c’est la fréquence des vagues de chaleur avec un réchauffement de 2 °C. Ces vagues seront également 1,9 °C plus chaudes. Une vague de chaleur extrême se produisait sur un territoire donné une fois tous les dix ans en moyenne durant l’ère préindustrielle (1850-1900). Ce sont quelques-uns des résultats du rapport du Giec, paru en août.
  • La touche écoblanchiment : le nucléaire se vante d’être écolo et sûr pour l’avenir. Sauf que, du fait de ses besoins colossaux en eau, il est en fait très vulnérable au changement climatique. Et ça se sent surtout en été.
  • L’anniversaire : cinquante ans après le début du combat contre le camp militaire, l’esprit du Larzac — fait d’entraide, de lutte et d’utopies concrètes — habite toujours le Causse.


Septembre : la rentrée des primaires

Yannick Jadot rejoint par ses soutiens à la fin de son discours de victoire. © Anna Kurth/Reporterre

Dans la perspective de la présidentielle 2022, les écologistes ont organisé une primaire à partir du 16 septembre. Plus de 122 000 personnes s’étaient inscrites pour voter, preuve d’un intérêt des électrices et électeurs. Plusieurs nuances de vert s’affrontaient lors de ce scrutin, particulièrement la ligne « pragmatique » et consensuelle de Yannick Jadot contre celle plus radicale et féministe de Sandrine Rousseau. C’est finalement le premier qui l’a emporté, de peu, s’engageant à « rassembler » la famille écolo. Pour les soutiens de Mme Rousseau, déçus, « on a accompli quelque chose de fort : on a donné une voix aux personnes les plus précaires, qui n’en ont pas d’habitude dans les débats ».

Et aussi ce mois-ci...

  • La touche écoblanchiment : le Congrès mondial de la nature, qui s’est tenu à Marseille, a notamment entériné l’objectif de placer 30 % des espaces terrestres sous le statut d’aires protégées. Une très mauvaise idée, ont dénoncé des représentants des peuples autochtones, qui voient dans cette perspective un nouveau « colonialisme vert ».
  • La bonne nouvelle : les Verts allemands ont réalisé un score historique lors des élections législatives fédérales. Insuffisant cependant pour prétendre diriger le pays. Forts de leurs résultats, ils sont entrés dans la nouvelle coalition, dirigée par les sociaux-démocrates et avec les libéraux, et ont pu faire adopter une de leurs principales mesures : le développement des énergies renouvelables, qui devraient représenter 80 % de la production d’électricité en 2030.
  • L’anniversaire : il y a vingt ans, les questions environnementales étaient au cœur de la vie politique étasunienne. Mais après le 11 septembre 2001, le pays s’est lancé dans une course morbide à la militarisation et au développement effréné de ses industries extractives — gaz de schiste notamment. Autre triste anniversaire, les 20 ans de la catastrophe d’AZF, causée par le nitrate d’ammonium, massivement utilisé pour fabriquer les engrais azotés de synthèse, dont notre agriculture productiviste raffole.
  • Le chiffre du mois : 11 000, c’est le nombre de catastrophes que l’on peut attribuer aux phénomènes météorologiques et climatiques durant les cinquante dernières années. Ces événements, en forte hausse, ont causé 2 millions de morts, en très grande majorité dans des pays en développement.
  • Notre enquête : Vitale pour parvenir à enrayer l’aggravation du changement climatique, la sobriété énergétique, toujours oubliée des politiques et des médias. Nous avons creusé les voies de la sobriété, qui permettraient une vie plus douce et plus juste.


Octobre : la bataille du nucléaire

La centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly (Loiret). Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Pymouss

Le nouveau scénario Négawatt l’a redit : une France 100 % renouvelable et sans nucléaire d’ici 2050, c’est possible. Pourtant, depuis plusieurs mois, les nucléaristes œuvrent pour un retour en grâce de l’atome. Et c’est ainsi que, l’air de rien, RTE, le gestionnaire du réseau électrique, a présenté ses scénarios dont la moitié font la part belle au nucléaire. Fin du suspense quelques semaines plus tard : Emmanuel Macron a annoncé la construction de nouveaux réacteurs, notamment six nouveaux EPR2 — des EPR « simplifiés ». Le nucléaire sera, à n’en pas douter, un des enjeux de la prochaine élection présidentielle.

Et aussi, ce mois-ci :

  • Le chiffre du mois : 170 %, c’est l’augmentation du prix du gaz en Europe, depuis le début de l’année. Par effet d’entraînement, carburants et électricité ont aussi connu une hausse des prix inédite.
  • La touche écoblanchiment : avion « vert », relance du nucléaire, robotisation de l’agriculture... Le plan de relance présenté par Emmanuel Macron a considéré l’écologie comme un problème à résoudre par la technologie.
  • La lutte du mois : une salve d’actions contre « l’industrialisation des forêts » a été organisée partout en France à l’initiative de l’Appel pour des forêts vivantes. En ligne de mire : le gouvernement, qui veut accroître les prélèvements en forêt de 70 % d’ici 2050.
  • L’anniversaire : les Amap, qui unissent consommateurs et paysans autour de l’agriculture locale et bio, ont fêté leurs 20 ans.
  • Notre enquête : il existe des solutions pour la transformation écologique et la restauration des écosystèmes en est une, essentielle. Malheureusement, elle est négligée par les dirigeants, qui continuent à rêver de béton et de croissance.


Novembre : #MeTooPolitique, Hulot quitte la « vie publique »

Nicolas Hulot accusé de violences sexuelles par quatre femmes dans « Envoyé spécial ». Capture d’écran/France 2

Accusé de viol et d’agressions sexuelles, Nicolas Hulot a décidé de se retirer de la vie publique. Les faits reprochés à l’ancien ministre de l’Écologie sont pour la plupart prescrits, mais apparaissent accablants : au moins quatre femmes ont ainsi témoigné dans une émission d’« Envoyé spécial ». Grâce notamment aux mouvements féministes, la parole s’est peu à peu libérée, même dans le milieu politique, pourtant très sexiste, où règne une omerta sur les agressions sexuelles. D’autres affaires ont ébranlé le mouvement écologiste, poussant à la démission le directeur du centre de formation des Verts. Il faut reconnaître que chez les écolos, contrairement à d’autres partis, une cellule d’enquête et de sanction a été mise en place, afin de recueillir la parole des victimes.

Et aussi ce mois-ci...

  • L’autre actu à retenir : les mesures prises par l’État contre le Covid ont déclenché une forte contestation en Guadeloupe. Au-delà de la politique sanitaire, les manifestants se sont mobilisés contre la cherté de la vie et les pollutions environnementales.
  • La touche écoblanchiment : « La COP26, c’est le festival du greenwashing », a tweeté Greta Thunberg, au moment du Sommet pour le climat. À Glasgow, en Écosse, de nombreuses entreprises ont profité de l’évènement pour couvrir de vert leurs activités polluantes. Unilever, Renault, Rolls-Royce... Pas étonnant donc que l’accord finalement adopté par les États soit largement insuffisant pour contenir le réchauffement sous les 1,5 °C.
  • La lutte du mois : dans le marais poitevin, près de 3 000 personnes se sont opposées aux projets de retenues d’eau géantes. Une des mégabassines a été mise hors d’état de marche par les manifestants ; parmi eux, de nombreux paysans, qui refusent ce modèle d’irrigation uniquement destiné à l’agriculture intensive.
  • La bonne nouvelle : au sud de Paris, le domaine de Grignon, qui accueillait recherche et formation en agriculture, ne sera finalement pas vendu à un promoteur. C’est une victoire pour les chercheurs et les étudiants mobilisés contre cette opération immobilière désastreuse.
  • Le chiffre du mois : 270 milliards d’euros, c’est le montant de la nouvelle Politique agricole commune, adoptée à Bruxelles. Las, selon les organisations paysannes et écolos, 80 % des aides votées vont profiter à 20 % des agriculteurs... les plus productivistes.
  • L’anniversaire : en novembre 2018, commençait le mouvement des Gilets jaunes. Prix de l’énergie, démocratie... trois ans plus tard, les raisons de leur colère sociale sont toujours d’actualité.
  • Notre enquête : surnommé « or blanc », le lithium est indispensable à la construction des batteries des véhicules électriques. Sa production se révèle cependant polluante et énergivore.


Décembre : l’union des gauches aura-t-elle lieu ?

Les bénévoles de la Primaire populaire. © Primaire populaire

À quatre mois de l’élection présidentielle, les forces de gauche et écologistes se présentent en ordre dispersé. Jean-Luc Mélenchon a lancé son Union populaire, présenté son programme de 600 propositions, réuni des personnalités dans un « parlement de campagne ». Yannick Jadot a multiplié les déplacements un peu partout en France. Chacun appelant à faire le rassemblement de la gauche... derrière lui. Après un début de campagne faiblard, la socialiste Anne Hidalgo a finalement proposé l’organisation d’une primaire à gauche. Une idée qui rejoint celle portée depuis des mois par la Primaire populaire, avec l’objectif de désigner un ou une candidate unique pour les forces progressistes.

Tandis que l’union des gauches peinait à se concrétiser, la droite a monopolisé les radars médiatiques. Que ce soit M. Zemmour ou Mme Pécresse, les prétendants conservateurs et néolibéraux oublient manifestement l’ampleur de la crise écologique.

Et sinon, ce mois-ci...

  • Ailleurs dans le monde : victoire historique, au Chili, du candidat de gauche, Gabriel Boric. Un succès porté par un mouvement populaire puissant, né des révoltes contre les inégalités. Avec un président de gauche et une Assemblée constituante dirigée par une femme autochtone, le pays va pouvoir (enfin) sortir du néolibéralisme et de l’autoritarisme hérités de la dictature de Pinochet. Une leçon pour la France ?
  • La lutte du mois : une vague de manifestations contre des projets industriels polluants a secoué la Serbie, tant et si bien que le gouvernement a dû reculer sur son projet de mine de lithium.
  • L’anniversaire : il y a un an, un jeune homme, Morgan Keane, était tué accidentellement par un chasseur, dans le Lot. Ce drame a depuis fait monter la colère et les mobilisations contre la chasse, qui provoque des accidents en campagne mais également dans les foyers.
  • La bonne nouvelle : les militants écologistes ont fait annuler le surf park du lac du Bourget. En 2021, deux autres projets de piscine à vagues artificielles ont été abandonnés.
  • Notre enquête : les sabotages contre les infrastructures de télécommunication et contre la 5G se multiplient partout en France.

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